Le Portugal au ralenti pour sa 4e grève générale en 2 ans

[27/06/2013 11:35:44] Lisbonne (AFP) Trains et métros à l’arrêt, administrations fermées, transports aériens perturbés: le Portugal connaissait jeudi sa 4e grève générale en deux ans, convoquée par les syndicats contre la politique d’austérité réclamée par les créanciers du pays sous assistance financière.

La grève, lancée par les deux principaux syndicats, la CGTP, proche du Parti communiste, et l’UGT, historiquement plus modérée, devait être ponctuée de manifestations à travers le pays dans l’après-midi.

“L’adhésion est très forte et dépasse largement nos attentes”, a déclaré en fin de matinée le chef de l’UGT, Carlos Silva, tandis que celui de la CGTP, Armenio Carlos, qui réclame des législatives anticipées, a espéré la veille une “grande participation” pour “fragiliser davantage le gouvernement”.

La grève de jeudi est la deuxième organisée conjointement par les deux syndicats depuis celle de novembre 2011, cinq mois après l’arrivée au pouvoir du gouvernement de centre droit. La CGTP avait convoqué seule celles de mars et novembre de 2012.

Mais l’espoir des deux centrales d’étendre le mouvement au secteur privé, faiblement syndicalisé, semblait déçu. “Les chiffres pour le privé n’atteignent pas ceux de l’administration publique”, a ainsi admis Carlos Silva. “Mais c’est un signal clair pour le gouvernement que la voie qu’il a choisie n’est pas la bonne”, a-t-il ajouté.

La production était toutefois arrêtée dans la grande usine Volkswagen des environs de Lisbonne, “Auto Europa”, tandis que selon la CGTP, l’activité de la principale centrale du groupe électricien EDP était paralysée à 70% à Sines, à 160 km au sud de Lisbonne.

Le gestionnaire des aéroports, ANA, a indiqué dans la matinée que 22 vols avaient été annulés, dont 17 à Lisbonne, tandis que de nombreux retards étaient enregistrés.

Les services de Santé étaient également touchés et à l’hôpital Sao José, l’un des plus importants de Lisbonne, seules les opérations chirurgicales urgentes étaient pratiquées, rapportait la télévision privée Sic.

Les médias public étaient également touchés, l’agence de presse Lusa ayant interrompu son service dès 8H00 GMT.

Sous le regard de la “troïka”

La capitale, où une manifestation était prévue vers 13H30 GMT, vivait au ralenti. “Je suis d’accord pour qu’on manifeste notre indignation. Mais si je restais à la maison je nuirais à mon patron alors que tout est de la faute du gouvernement”, estimait Sergio, un tourneur-fraiseur de 35 ans dans l’attente d’un des rares autobus circulant encore dans le cadre d’un service minimum.

“Je ne suis pas d’accord avec la grève, car elle ne fait que gêner ceux qui veulent travailler et le pays perd beaucoup d’argent”, estimait en revanche Luisa Magalhaes, 35 ans, comptable dans le privé.

Tout en reconnaissant le “droit inaliénable” de faire grève, le Premier ministre, Pedro Passos Coelho, fervent partisan de l’austérité, n’en a pas moins souligné, la veille au Parlement, que “le pays a besoin de moins de grèves et de plus de travail”, lors d’une intervention perturbée par des contestataires.

La grève générale se déroule sous le regard de la “troïka” UE-BCE-FMI représentant les bailleurs de fonds du Portugal, qui a entamé lundi une mission à Lisbonne pour préparer la prochaine évaluation trimestrielle devant débuter le 15 juillet.

M. Passos Coelho bénéficie toujours de l’appui des créanciers qui, reconnaissant ses efforts pour redresser les finances du pays, lui ont accordé jusqu’à 2015 pour ramener le déficit public au-dessous des 3% du PIB, le plafond fixé par Bruxelles.

Le Premier ministre n’a toutefois pas exclu de demander un nouvel allégement des objectifs qui serait le troisième depuis le début de la mise en oeuvre du plan de sauvetage financier de 78 milliards accordé en mai 2011 par l’Union européenne et le Fonds monétaire international.

La politique d’austérité a augmenté plus que prévu la récession et le chômage et selon des prévisions officielles, l’économie, en recul depuis deux ans, doit encore se contracter cette année de 2,3% tandis que le chômage doit atteindre le taux record de 18,2 %.