Avec le soutien des plus importants investisseurs étrangers dans ce secteur, le ministre de l’Industrie, Mehdi Jomaa, s’est donné à fond, lors du Salon du Bourget, pour rassurer sur le climat de l’investissement en général en Tunisie, plus de deux ans après la révolution, et préparer la montée en gamme de l’industrie des composants aéronautiques tunisienne.
«La situation se normalise. Les familles tunisiennes sont en train de se préparer pour les vacances d’été». Enfilant à la fois la robe de l’avocat et la veste du VRP, Mehdi Jomaa s’est employé, durant la journée du 18 juin 2013, passée au salon du Bourget, à dissiper les craintes que la situation régnant en Tunisie depuis le 14 janvier 2011 pouvait faire naître chez les investisseurs étrangers, déjà installés ou potentiels, dans l’industrie naissante des composants aéronautiques.
Le ministre de l’Industrie a entrepris de désamorcer, une à une, les sources et facteurs de malaise et d’inquiétude. La situation politique? Deux ans après la révolution, la Tunisie «sort progressivement de l’instabilité et s’achemine vers l’adoption d’une nouvelle Constitution et l’organisation d’élections à la fin de l’année».
La sécurité : «en dépit de ce qu’on lit à ce sujet dans la presse, on est loin de la situation du lendemain de la révolution», observe M. Jomaa. Qui admet néanmoins que la Tunisie «se trouve confrontée, comme d’autres pays dans le monde, à des problématiques découlant de ce qui s’est passé au Mali».
Le social? Dans ce domaine également, «le pays retrouve petit à petit la sérénité. Le gouvernement s’emploie à traiter les derniers cas» de tension que le ministre impute «aux frustrations d’une jeunesse qui croyait que la révolution paie cash, alors qu’elle paie en différé».
D’ailleurs, l’industrie des composants aéronautiques a très peu souffert de ces tensions. «Nous avons eu très peu de jours de grève», indique Christian Cornille, président-directeur général d’Aerolia. «La situation régnant dans le pays «a eu très peu de conséquences sur notre activité», confirme Christian Froget, directeur d’Hutchinson Tunisie. Ce qui n’empêche pas ces industriels des composants aéronautiques de tirer des enseignements pour l’avenir.
Le patron d’Aerolia appelle ainsi à «développer, comme nous le faisons avec l’ensemble de notre personnel, un dialogue de très grande qualité avec le peuple tunisien pour pouvoir bien mener notre activité».
Mais la situation de la Tunisie post-Ben Ali a également de bons côtés, plaide le ministre de l’Industrie. D’abord, le pays jouit aujourd’hui –sous-entendu, grâce à la révolution- d’un «crédit de sympathie» sur le plan international qui, selon Mehdi Jomaa, dope la confiance des nouvelles autorités et les encourage à aller de l’avant.
Ensuite, les investisseurs étrangers vont évoluer dans un contexte moins gangrené par la corruption. D’autant que le gouvernement s’est déjà engagé à «travailler dans le cadre de la transparence et en phase avec les normes internationales», rappelle le ministre.
Enfin, la Tunisie –qui n’envisage pas de «change de cap et de se détourner de l’Europe»- ambitionne «de sortir de la sous-traitance et d’aller plus loin dans l’intégration». Bref de «changer de taille dans l’aéronautique». Raison pour laquelle le gouvernement planche à cet effet sur un «plan ambitieux» qui devrait être prêt d’ici fin 2013.
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