Chaude, chaude, chaude, c’était l’ambiance qui a régné lors de la compétition Enactus, jeudi 27 juin. Enactus, ce programme d’initiation à l’entrepreneuriat dans les universités, appelé auparavant SIFE, revu et corrigé. Un programme qui offre la combinaison idéale pour inciter les plus jeunes à faire preuve d’imagination, de créativité et à entreprendre des approches socio-environnementales dans la conception et la réalisation de projets dont profiteront des personnes démunies, qu’il s’agisse de familles ou d’individus, de diplômés universitaires ou d’illettrés.
Le but, in fine, étant de permettre à des individus marginalisés et souffrant d’une précarité socio-économique d’améliorer leur quotidien et d’entrevoir autrement leur avenir.
L’obligation de performance est de rigueur, d’où un sens bien amené de la compétition. Ceux qui en sortent victorieux ont la chance de présenter de nouveau leur projet gagnant à l’échelle nationale, à l’international. Alors que ceux-là savourent l’euphorie de la victoire, les jeunes équipes éliminées déçues et parfois amères acceptent mal l’échec. Ceci a été parfaitement illustré par l’ENIM (Ecole nationale des ingénieurs de Monastir) qui avait présenté 2 projets qui n’ont pas recueilli l’unanimité des appréciations du jury ce qui a engendré une grosse contrariété auprès des étudiants participant frisant presque le dégrisement face à un concours qui reste passionnant indépendamment parlant du résultat.
Il faut reconnaître que dans notre pays, l’échec est loin d’être un vecteur d’encouragement et d’incitation à une profonde remise en question de ses causes ou une incitation à faire plus et mieux pour se battre de nouveau et vaincre.
D’ailleurs, ceci est reflété par l’absence d’un esprit combattif chez une grande partie de notre intelligentsia laquelle, très souvent, préfère battre en retraite, se rabattre sur les solutions consensuelles au risque d’y perdre les ailes et très fréquemment l’âme. De piètre exemples pour une jeunesse en mal d’exemple. Une jeunesse que nous préférerions différente parce qu’elle le vaut bien et parce qu’elle doit apprendre à apprendre autant de ses échecs que de ses réussites.
Les projets présentés par l’ENIM n’étaient pas mauvais sauf que leur présentation n’a pas été très convaincante pour le jury qui leur a préféré et à d’autres l’Institut supérieur de l’informatique (ISI).
«Tounes itbaskil» Description du projet est une entreprise spécialisée dans la location de vélo à usage touristique, et loisir qui a profité à un chômeur père de famille et 2 autres personnes qui y ont travaillé à temps partiel. «Sanaat Zmen» est un atelier spécialisée dans la production et la commercialisation de savon artisanal. Neuf femmes au foyer dont la gérante en ont profité.
L’équipe gagnante a été pour la deuxième année consécutive l’ISI car l’apport social a été de loin plus important pour certains observateurs sur place les deux projets développés par les étudiants de l’Institut supérieur de l’informatique ont permis de satisfaire aux besoins de plus d’une vingtaine de femmes vivant à Tunis, Manouba, Nabeul et Maamoura et une trentaine à Sidi Bouzid.
Le premier projet baptisé Sanaat Idina consiste à développer un réseau national de production et de distribution de produits agroalimentaires faits maison et de produits artisanaux. Le deuxième sis à Sidi Bouzid appelé «Green Gold» tourne autour du sauvetage d’une entreprise en difficultés spécialisée dans la distillation des huiles essentielles et la commercialisation des produits bio. Le fait que le deuxième projet de l’ISI ait été réalisé dans une région marginalisée aurait-il plaidé en faveur de l’équipe gagnante?
Bien sûr que non, estime Khaoula Boussemma, coordinatrice d’Enactus Tunisie: «Nous ne voulons pas que des considérations d’ordre régionaliste portent atteinte aux nobles objectifs d’Enactus en tant que programme international visant le développement des qualités non seulement entrepreneuriales chez nos étudiants mais également d’un sens plus aigue de leurs responsabilités et leur rôle dans l’amélioration de leur environnement social et naturel.
Cet engagement personnel engendre chez eux un sens civique plus aigu, des sentiments altruistes et un esprit de combattivité qu’eux-mêmes ne soupçonnaient pas chez eux. Le jury composé de personnes venant de divers horizons est seul maître à bord, c’est lui qui décide en toute indépendance et en toute objectivité du choix de l’équipe gagnante dans le respect les critères obligatoires consacrés par Enactus».
L’Institut supérieur de commerce et de comptabilité de Bizerte qui n’a pas été le vainqueur de la compétition, ne l’a pas pris très mal. Il est pourtant sorti des sentiers battus en proposant trois projets, le premier visant à renforcer les ressources de l’Association tunisienne d’aide aux sourds (ATAS) et qui a bénéficié à 149 élèves adhérents de l’ATAS à Bizerte.
Le deuxième a touche la production et la commercialisation des produits du terroir de la région de la même région et le troisième, le développement du potentiel d’une entreprise spécialisée dans les bijoux artisanaux dirigé par une jeune femme diplômé dont l’équipe est composée de 5 handicapés moteurs.
Dans tous les projets cités plus hauts la composante sociale a été déterminante dans le choix de l’équipe gagnante. D’ailleurs, «l’entrepreneuriat, vecteur de développement social» a été le thème de la conférence organisée par le CJD en marge de la compétition nationale Enactus. Une compétition qui couronne les sacrifices et le labeur de dizaines d’équipes de «jeunes étudiants, responsables et engagés qui se sont mobilisés pendant des mois pour réaliser ou développer des projets à caractère communautaire afin d’améliorer la qualité et le niveau de vie de personnes dans le besoin».
Les dés ont été jetés en ce jeudi 27 et c’est l’ISI qui participera à la Enactus World Cup, l’événement mondial qui regroupe chaque année, les champions de plus de 38 pays et qui se tiendra à Cancun au Mexique, au mois d’octobre prochain.
La compétition Enactus, la conférence ainsi que la cérémonie d’octroi des prix est organisée pour la quatrième année consécutive avec le concours de la Konrad Adenauer-Stiftung.