Prism : Pellerin relativise l’espionnage des institutions

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érique Fleur Pellerin, le 24 juin 2013 à Paris (Photo : Lionel Bonaventure)

[01/07/2013 07:13:14] Paris (AFP) La ministre de l’Economie numérique Fleur Pellerin a relativisé l’importance de l’affaire d’espionnage par l’Agence nationale de sécurité américaine (NSA) de “cibles” institutionnelles, dont ferait partie l’Union européenne, estimant néanmoins “très choquant” la surveillance de millions de particuliers dans le monde.

La NSA est accusée d’espionner les communications électroniques mondiales dans le cadre du programme Prism, à la suite de révélations de l’ancien consultant américain de la NSA Edward Snowden.

“Il faut distinguer deux choses: il y a l’affaire d’espionnage de l’Union européenne et des postes diplomatiques et ça, ce n’est pas vraiment la première fois que ça arrive dans l’Histoire”, a commenté Mme Pellerin lundi sur BFMTV, évoquant “ce même type d’événement pendant la guerre en Irak”.

“Même si ce n’est pas vraiment un acte amical de la part d’une puissance amie, ce n’est pas une nouveauté”, a-t-elle fait valoir.

Cette position est beaucoup plus modérée que celle de certains autres membres du gouvernement. La ministre de la Justice Christiane Taubira a par exemple évoqué un “acte d’hostilité inqualifiable” si les faits cités étaient avérés.

En revanche, pour Mme Pellerin, “ce qui me paraît particulièrement choquant, si ça devait être avéré, c’est le dispositif qui a été mis en place de surveillance généralisée (…) des populations. C’est une affaire complètement différente de l’affaire d’espionnage, c’est beaucoup plus grave”, a affirmé la ministre.

“Nous avons toujours considéré qu’internet était un bien commun, un cheval de Troie –regardez les Printemps arabes– de la liberté d’expression et aujourd’hui on voit que certains pays, qui sont des pays qui défendent la liberté d’expression, la liberté d’opinion, sont peut être des utilisateurs à des fins, au contraire, de surveillance généralisée”, a relevé Mme Pellerin. “C’est ce qui est très choquant, si c’est prouvé. Ne nous précipitons pas, attendons les explications des Américains”.

Interrogée sur l’opportunité de représailles, comme la suspension des discussions commerciales, la ministre a appelé à “ne pas mélanger les sujets à ce stade” car “d’un côté, vous êtes dans une négociation commerciale, un accord de libre-échange et, de l’autre, dans une affaire d’ordre diplomatique et politique”.

Elle a plaidé pour qu’une réflexion soit menée sur le statut international des “whistle-blowers”, ces citoyens lanceurs d’alerte “qui délivrent un certain nombre d’informations au grand public ou à la presse en pensant révéler quelque chose d’illégal”.

“Un certain nombre de pays ont mis en place des législations (…) mais il n’y a pas de statut international qui permette de protéger le cas échéant” ces lanceurs d’alerte. “C’est une belle occasion de se pencher sur ce sujet qui, pour l’instant, est une zone grise du droit international public”.