ège du Groupe des fédérations industrielles, à Paris, le 6 juin 2013 (Photo : Eric Piermont) |
[03/07/2013 04:38:36] Paris (AFP) A la veille d’une délicate concertation sur les retraites, l’industriel Pierre Gattaz doit devenir mercredi le nouveau patron des patrons français, succédant à Laurence Parisot qui n’aura pas réussi à se maintenir à la présidence du Medef.
Après avoir vu en juin ses principaux adversaires se rallier à lui, Pierre Gattaz deviendra aussi l’un des lointains successeurs de son propre père, Yvon, qui présida de 1981 à 1986 le CNPF, ancêtre du Mouvement des entreprises de France.
Les votants venus de toute la France et des multiples fédérations de la plus grande organisation patronale du pays pourront néanmoins voter également pour Hervé Lambel, 48 ans, patron de HLDC, société spécialiste de la production cinématographique et de spectacles vivants, resté en lice malgré des chances nulles d’être élu.
à la conférence sociale à Paris, le 20 juin 2013 (Photo : Bertrand Guay) |
En tout, 561 électeurs sont appelés à voter: la présidente, dix personnalités qualifiées et 550 voix représentant les régions et les différentes branches professionnelles.
Les deux tiers des électeurs doivent prendre part au vote pour qu’il soit valide et la majorité absolue est requise pour être élu.
Le scrutin se tiendra au Palais des congrès à Paris. Les résultats seront proclamés vers 11H00 et le président élu prononcera son premier discours dans la foulée.
Patron du Groupe des fédérations industrielles (GFI) et de Radiall, une entreprise de taille intermédiaire très exportatrice produisant des composants pour l’aéronautique, l’espace et l’électronique, M. Gattaz s’est présenté en candidat de “terrain”, affirmant “faire ce qu’il dit”. Et ce qu’il dit peut être quelque peu provocateur comme lorsqu’il suggère aux entreprises de renoncer aux aides de l’Etat ou lorsqu’il se montre très offensif contre les 35 heures et sur la fiscalité des entreprises et la dépense publique.
Autant de positions qui ont suscité des inquiétudes sur sa volonté de dialogue, des craintes renforcées par le soutien appuyé que lui apporte l’ancien vice-président du Medef Denis Kessler, souvent jugé très libéral. Mais après avoir prôné un “Medef de combat”, le futur patron des patrons a assuré être un “fervent partisan” du dialogue social, même s’il préfère sa mise en oeuvre en priorité “au niveau du terrain”.
Premier test dès jeudi à Matignon
Le premier test ne tardera pas. Jeudi, le Premier ministre Jean-Marc Ayrault recevra à Matignon patronat et syndicats pour entendre leurs positions sur la réforme des retraites. Pierre Gattaz a déjà fait connaître les siennes: allongement de la durée de cotisation, relèvement de l’âge légal de départ, mais surtout pas de hausse des cotisations.
Il avait été l’un des premiers à sortir du bois, mi-janvier, en protestant contre les man?uvres de Mme Parisot pour obtenir un troisième mandat. Au terme de péripéties dans une atmosphère délétère au Medef, le conseil exécutif avait retoqué de justesse le 28 mars la révision des statuts de l’organisation, barrant ainsi la route à la présidente sortante.
érence de presse à Paris le 13 juin 2013 (Photo : François Guillot) |
Pierre Gattaz a ensuite reçu le 18 avril le soutien de la plus puissante des fédérations, l’Union des industries et métiers de la métallurgie (UIMM). Lors du grand oral des candidats le 23 avril par le conseil exécutif du Medef, c’est en revanche Geoffroy Roux de Bézieux, 50 ans, président fondateur du groupe Omea (Virgin Mobile), qui est arrivé en tête d’un vote consultatif, le devançant d’une voix.
Mais le suspense est vite tombé: la réalité du rapport de forces et une volonté d’afficher l’unité conduisent le 13 juin au ralliement de ses deux principaux concurrents, M. Roux de Bézieux et le président de la Fédération nationale des travaux publics (FNTP) Patrick Bernasconi.
Le jour-même, les postes sont distribués d’avance. Geoffroy Roux de Bézieux doit devenir vice-président délégué et trésorier, chargé de l’économie, de la fiscalité, de l’innovation, et du numérique tandis que Patrick Bernasconi sera chargé, au même rang, des mandats, des branches et des territoires.
Le délégué général de l’UIMM, Jean-François Pilliard, sera vice-président chargé des questions sociales, tandis que deux autres ex-candidats, l’ancien médiateur interentreprises Jean-Claude Volot et le patron de PME Thibault Lanxade, complètent cette équipe jusqu’ici très masculine.
Laurence Parisot, elle, a assuré qu’elle entendait “rester dans le débat public”.