à Berlin (Photo : Johannes Eisele) |
[03/07/2013 09:50:37] Athènes (AFP) La chancelière allemande Angela Merkel a indiqué mercredi que la dette grecque lui semblait viable malgré les craintes exprimées au sein du FMI du contraire, et qu’un nouvel effacement de créance ne lui semblait pas nécessaire après celui déjà négocié début 2012.
“J’espère que la soutenabilité de la dette continuera d’être un acquis” a dit Mme Merkel, lors d’une interview conjointe avec six journaux européens, El Pais, The Guardian, la Stampa, Le Monde, la Sueddeutsche Zeitung et Kathimerini.
Interrogée sur le point de savoir si une nouvelle réduction du poids de la dette serait nécessaire à l’avenir en Grèce, elle a répondu “je n’envisage pas ça”.
Jörg Asmussen, membre du directoire de la Banque centrale européenne (BCE), a jugé de son côté contreproductives les discussions sur une nouvelle réduction de la dette grecque et appelle le pays à poursuivre les réformes, dans un entretien paru mercredi.
“Les discussions récurrentes sur une réduction de la dette ne sont pas bénéfiques car elles détournent l’attention des efforts de réformes nécessaires en Grèce”, a déclaré M. Asmussen au quotidien allemand Die Welt.
örg Asmussen, membre du directoire de la Banque centrale européenne (BCE), le 11 juin 2013 à Baden-Württemberg (Photo : Uli Deck) |
Début 2012, la Grèce a négocié avec ses créanciers privés une restructuration de sa dette publique, effaçant plus de 100 milliards d’euros d’obligations souveraines détenues par des banques et des fonds de pension.
Le pays a ensuite racheté 30 milliards d’euros de ses propres obligations, à un prix cassé, grâce à des fonds provenant du plan de sauvetage lancé par l’Europe et le FMI.
Après ces opérations, de 355 milliards d’euros (170% du PIB) en 2011, la dette grecque est tombée à 303 milliards en 2012 (157% du PIB), selon l’agence des statistiques grecques.
Mais elle pourrait remonter à 175,2% du PIB cette année, selon les estimations européennes, alors que l’économie du pays traverse sa sixième de récession.
Or, le plan de sauvetage de la Grèce UE-FMI est basé sur un objectif de faire tomber le ratio de dette à 124% du PIB en 2020, et au dessous de 110% en 2022, a rappelé le mois dernier la patronne du FMI Christine Lagarde lors d’une interview aux médias grecs.
En juin, le FMI avait fait son mea culpa sur le traitement de la crise grecque en affirmant que la restructuration de dette de 2012 aurait dû avoir lieu bien plus tôt, dès le début de la crise en 2010.
Cette prise de position a irrité les Européens qui y étaient alors opposés par crainte d’un effet de contagion dans la zone euro.
L’économiste en chef du FMI a notamment estimé que la réduction de dette qui s’est finalement imposée en 2012 n’avait pas été menée “de manière décisive”. “La dette est encore assez élevée”, et cela a des effets aujourd’hui, les investisseurs rechignant toujours à prêter à la Grèce, a-t-il affirmé.
“L’effet d’une dette très lourde, ça ralentit le retour de la Grèce à un équilibre acceptable”, a-t-il averti. “Quand un pays a un poids de dette insupportable, il faut accepter la réalité et diminuer ce poids de dette”, a-t-il jugé.