à la bourse de Lisbonne |
[03/07/2013 14:38:36] Paris (AFP) Les Bourses européennes évoluent dans le rouge mercredi après-midi, sous le coup de la tourmente politique au Portugal qui a ravivé des craintes sur un retour en force de la crise en zone euro et fait grimper les taux d’emprunt de la dette des pays les plus fragiles.
Ce regain de tension fait suite à deux démissions d’affilée au sein du gouvernement portugais, celle du ministre des Finances et du ministre des Affaires étrangères, tous deux aux avant-postes sur le front de la mise en oeuvre du plan de sauvetage de 78 milliards d’euros accordé au pays il y a deux ans.
“S’il y a d’autres démissions, cela risque de faire exploser la coalition avec potentiellement des élections générales anticipées”, relève Patrick Jacq, analyste des marchés de BNP Paribas.
En première ligne, la Bourse de Lisbonne dévissait de 5,85%, entraînant dans sa chute celle de Madrid, en baisse de 2,04 % vers 13H40 GMT après avoir plongé de plus de 3%. Paris perdait 1,44%, Francfort 1,48 % et Londres 1,60%.
à Lisbonne, le 2 juillet 2013 (Photo : Fransisco Leong) |
Inquiète pour la zone euro, Wall Street a ouvert en légère baisse, le Dow Jones cédant 0,17%.
Sur le marché de la dette des Etats, le taux d’emprunt à 10 ans du Portugal s’envolait, passant au-dessus de 8% pour la première fois depuis novembre 2012, alors qu’il avait clôturé mardi à 6,720%. La même tendance à la hausse a été enregistrée pour la Grèce et dans une moindre mesure pour l’Italie et l’Espagne.
Après la démission du ministre portugais des Finances, Vitor Gaspar, lundi, le ministre des Affaires étrangères, Paulo Portas, a lui aussi jeté l’éponge mais le Premier ministre, Pedro Passos Coelho, a refusé d’accepter sa démission pour tenter de sauver la coalition au pouvoir.
Situation explosive
“Malgré les assurances du Premier ministre Pedro Passos Coelho qui affirme qu’il ne va pas démissionner, le Portugal va voir tomber son gouvernement dans les prochaines 48 heures”, redoute Steen Jakobson, économiste de Saxo Bank.
La situation est d’autant plus explosive que la troïka (UE-FMI-BCE) représentant les créanciers du pays doit commencer le 15 juillet une nouvelle mission d?évaluation dont le plat de résistance doit être une réforme de l’Etat destinée à réaliser des économies de 4,7 milliards d’euros d’ici la fin de 2014.
“Nous considérons que la relation entre Lisbonne et la troïka – probablement la meilleure des pays de la périphérie – va devenir délicate”, estime Gilles Moec, économiste de Deutsche Bank.
Certains analystes n’hésitent pas à évoquer le risque que les Européens ne soient contraints de remettre la main au pot.
“Les probabilités d’un deuxième plan de sauvetage augmentent”, a commenté à l’AFP l’analyste financière Paula Gonçalves.
Mais le coup de chaud sur les marchés devrait être passager, estiment d’autres experts comme Franklin Pichard, directeur de Barclays Bourse: “cette actualité peut faire douter le marché à court terme sans pour autant revenir dans la situation de tension observée jusqu?en juillet 2012”, tempère-t-il.
Outre la crise politique au Portugal, les inquiétudes sur la Grèce et sa capacité à obtenir sa prochaine tranche d’aide ont pesé sur les marchés.
Le gouvernement grec, qui a été remanié, est à nouveau sous la pression de ses créanciers de l’Union européenne et du FMI pour présenter des preuves de ses réformes, alors que l’échéance d’un nouveau prêt se rapproche.
Les craintes sur le Portugal et la Grèce ont affecté temporairement l’euro, qui a toutefois repris des couleurs dans l’après-midi pour s’établir à 1,2973 dollar contre 1,2978 dollar mardi soir.