La BCE va s’employer à rassurer, sur fond de regain de tension des marchés

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éenne devant la BCE, à Francfort (Photo : Daniel Roland)

[04/07/2013 07:10:41] Francfort (AFP) La Banque centrale européenne (BCE) va s’employer jeudi à rassurer sur sa disposition à soutenir la zone euro autant de temps que nécessaire, alors que la crise politique au Portugal a conduit à un regain de tension sur les marchés financiers.

Après la démission de deux ministres-clés du gouvernement portugais, ceux des Finances et des Affaires étrangères, la crainte d’élections anticipées a surgi, accompagnée de celle que le pays, sous aide internationale, renonce à l’austérité destinée à rétablir ses comptes mais qui lui coûte un fort taux de chômage.

Signe de l’inquiétude des investisseurs, le taux d’emprunt à 10 ans du Portugal s’est envolé mercredi. Mais les taux d’emprunts de tous les tous pays en difficulté de la zone euro avaient déjà grimpé depuis que la Réserve fédérale américaine (Fed) a annoncé qu’elle réfléchissait à mettre fin à ses mesures de soutien, il y a deux semaines.

De l’avis des analystes, à l’issue de la réunion de son conseil des gouverneurs, la BCE devrait laisser son principal taux d’intérêt directeur inchangé, à 0,5%, le niveau le plus bas de son histoire auquel il a été porté en mai, et ne devrait rien annoncer côté mesures exceptionnelles anti-crise.

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ésident de la BCE, en conférence de presse, le 7 février 2013 à Francfort, en Allemagne (Photo : Daniel Roland)

En revanche, son président Mario Draghi devrait user d’un “autre instrument puissant à la disposition des banquiers centraux: la parole” pour tenter d’apaiser les angoisses des marchés, s’attend Carsten Brzeski, économiste chez ING.

“Mario Draghi va utiliser la conférence de presse (qui suit la décision sur les taux, ndlr) pour rassurer les banques et les marchés sur le fait qu’il y a un consensus (unanime?) à la BCE en faveur d’une politique monétaire accommodante”, estime aussi Christian Schulz, économiste chez Berenberg.

La semaine dernière, M. Draghi et plusieurs de ses lieutenants avaient déjà multiplié les déclarations pour laisser entendre que ce qui valait pour la Fed, ne valait pas pour la BCE.

La sortie d’une politique monétaire accommodante “est encore lointaine”, avait ainsi affirmé Mario Draghi tandis que Benoît Coeuré, membre du directoire de l’institution monétaire de Francfort avait affirmé qu'”un renversement de tendance (concernant la politique monétaire) ne serait pas justifié au regard des conditions économiques actuelles”.

“Une sortie des politiques accommodantes est inévitable à un certain moment dans l’avenir. Mais les banques centrales vont prendre garde de ne pas étouffer les signes d’une reprise économique des deux côtés de l’Atlantique trop tôt”, souligne Christian Schulz.

Et si les récents développements économiques aux Etats-Unis peuvent justifier la position de la Fed, “la zone euro a encore vraiment clairement besoin d’un soutien de la politique monétaire”, estime Jennifer McKeown, de Capital Economics.

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örg Asmussen et Mario Draghi, à Bruxelles, le 25 mars 2013 (Photo : Georges Gobet)

Les indicateurs économiques et de confiance se sont certes améliorés récemment -comme en atteste entre autres l’indice d’activité PMI publié mercredi qui laisse entrevoir un retour à la croissance fin 2013- mais le sursaut reste “fragile”, estime Carsten Brzeski, tandis que le chômage ne cesse de franchir des records dans la région.

M. Draghi devrait donc répéter comme le mois dernier que la BCE étudie différentes options pour soutenir davantage la région si nécessaire.

Parmi ces mesures, la possibilité de baisser encore le principal taux d’intérêt et le taux de dépôt, auquel sont rémunérés les dépôts des banques à ses guichets pour 24 heures. Déjà à 0%, ce taux passerait en négatif pour la première fois.

La BCE étudie aussi, en coopération avec la Banque européenne d’investissement, des mesures pour revigorer le marché des ABS, ces prêts adossés à des crédits, afin de stimuler les prêts aux Petites et moyennes entreprises (PME).

M. Draghi devrait par ailleurs être interrogé sur la Grèce, alors que la question d’un nouvel effacement de sa dette refait surface. Jörg Asmussen, membre du directoire de la BCE, a jugé mercredi contreproductives les discussions à ce sujet car “elles détournent l’attention des efforts de réformes nécessaires en Grèce”.