Conviés à la demande conjointe de la Banque africaine de développement (BAD) et de la Banque centrale de Tunisie (BCT), représentants d’enseignes bancaires et financières, ainsi que de ministères, ont répondu présent, le 19 juin dernier.
Au menu, un workshop dédié aux transferts d’argent des migrants, qui a mis l’accent sur le contexte spécifiquement tunisien. C’est dire si la journée auréolée notamment de la présence d’Aly Abou Sabaa, vice-président de la BAD, de Chedly Ayari, gouverneur de la Banque centrale, hôte de l’événement, de Philippe-Cyrille Berton, directeur de l’Agence française de développement (AFD) à Tunis, et de Mohamed Bichiou, directeur général de la Bourse de Tunis , fut studieuse et riche de débats.
D’autant que les échanges et focus successifs étaient axés sur deux thématiques, cruciales, dans le domaine : le coût exorbitant des transferts, et l’impact vertueux des transferts d’argents sur le développement du pays récipiendaire. Avec cet objectif ambitieux, que s’était fixé le workshop : proposer des instruments et services financiers à même de permettre de réduire le coût des transferts d’une part ; et de mieux répondre aux attentes, tant des migrants que des bénéficiaires, d’autre part.
Un workshop inspiré d’un rapport initié par la BAD
C’est un véritable pavé. Quelque 160 pages qui décortiquent les enjeux que couvent les transferts d’argent des migrants issus de cinq pays emblématiques, répartis entre Maghreb et zone franc le Maroc et la Tunisie pour l’Afrique du Nord, le Cameroun en tant que membre de la CEMAC (Communauté économique et monétaire d’Afrique centrale) et siège de la Banque centrale régionale, les Comores pour la région Océanie, et le Sénégal, membre de la zone UEMOA (Union économique et monétaire de l’Afrique de l’Ouest) et également siège de la Banque centrale régionale. Intitulé Réduire les coûts des transferts d’argent des migrants et optimiser leur impact sur le développement : outils et produits financiers pour le Maghreb et la Zone franc, le rapport est le fruit de recherches menées par des experts de l’ONG “Épargne Sans Frontière“.
Il a été, en fait, initié dès janvier 2008, dans la lignée des recommandations qu’avait émises la BAD dans une étude préalable, Migrations, un enjeu de développement, et en partenariat avec les autorités françaises. Publié à l’orée de 2012, le rapport fait, depuis lors, l’objet d’une restitution sous forme de workshops dédiés successifs dans les cinq pays soumis à l’étude.
« Les migrants sont de véritables acteurs du développement », a tenu à souligner Chedly Ayari, gouverneur de la Banque centrale de Tunisie, dans son allocution d’ouverture. « Sous réserve de bien canaliser les flux des transferts et de réduire les risques des transferts informels », a-t-il toutefois précisé d’emblée.
L’enjeu est d’autant plus crucial pour la Tunisie que, dans le contexte postrévolutionnaire que traverse le pays, l’économie tunisienne a grand besoin d’argent frais. Les transferts d’argent « solidaires » de sa diaspora quelque 3,5 milliards de dinars en 2012, soit 2,22 milliards de dollars EU environ pourrait contribuer, notamment, à réduire le déficit de la balance des paiements.
Source : BAD