La Tunisie, un tout petit pays de 11 millions d’habitants qui compte 15.000 étudiants en France, abrite 1.300 entreprises off shore françaises, et échange, chaque année, avec ce pays pour plus de 8 milliards d’euros (25% des échanges extérieurs du pays), soit l’équivalent des échanges assurés avec chacun des deux grands pays comme l’Algérie (36,5 millions d’habitants) et le Maroc (33 millions) est loin d’être un petit marché pour l’Hexagone.
Premier partenaire commercial de la Tunisie, depuis des décennies, la France, qui n’avait pas vu venir la révolution tunisienne et qui, surtout, n’avait pas pu «prendre la juste mesure de la «désespérance» des Tunisiens au temps de Ben Ali, a, logiquement, une dette vis-à-vis de la petite Tunisie. La visite du président français, François Hollande, en Tunisie (4-5 juillet 2013), constitue, normalement, une précieuse opportunité pour se rattraper.
Néanmoins, au regard de la crise économique que traverse actuellement la France, la Tunisie, actuellement en période de transition démocratique, ne doit pas s’attendre, en toute logique économique, à beaucoup de générosité de son premier partenaire commercial.
Deux experts, en l’occurrence l’universitaire spécialisé dans l’économie de développement, Hédi Sraieb, et le Franco-tunisien, Elyes Jouini, vice-président de l’Université Paris-Dauphine, ont exploré, dans divers espaces médiatiques, des niches de partenariat qui pourraient être négociées au cours de cette visite.
Ainsi, Hédi Sraieb a recommandé aux autorités tunisiennes de renégocier la dette de la Tunisie auprès de la France afin d’en dégager la partie odieuse. Selon lui, cette dette, estimée à environ 7 milliards de dinars dont 5,8 milliards de dinars de dette bilatérale, gagnerait non pas à être reconvertie comme cela a été fait avec l’Allemagne en capitaux d’investissement, mais à être soit annulée, soit transformée en dons, soit rééchelonnée. «L’objectif est d’éviter de rembourser 3 à 4 milliards de dinars de dette, ce qui permettra de soulager les finances publiques pendant au moins une année et demie», a-t-il-dit.
Autres dossiers que les Tunisiens pourraient négocier avec des chances de succès avec les Français, l’accélération des procédures pour la récupération de biens mal acquis par le dictateur déchu et son entourage en France (biens immobiliers essentiellement) et l’émigration organisée ou choisie. Pour lui, la France n’aurait pas honoré, jusqu’ici, les engagements qu’elle avait pris à ce propos.
Quant à Elyes Jouini, il a fait remarquer qu’en l’absence de visibilité économique et de réformes claires sur la base desquelles la France pourrait apporter une aide financière conséquente, les autorités tunisiennes ont tout intérêt à solliciter de la partie française une assistance en matière de formation professionnelle et d’enseignement supérieur et à examiner les moyens de reconvertir, à cette fin, une partie de la dette française.
Il s’est prononcé, particulièrement, pour une grande mobilité des étudiants et pour une plus grande simplification des visas, deux pistes qui, pour peu quelles soient explorées, sont à même de contribuer au réchauffement des relations entre les deux pays.