“La Tunisie a accusé un recul notable sur le marché français. Le nombre de touristes a notablement régressé en raison, entre autres, de l’image véhiculée par les médias français sur notre pays. Il y a aussi le problème du désengagement des tours opérateurs qui se rabattent sur les vols réguliers où ils n’ont pas d’obligation de remplissage comme lorsqu’il s’agit des vols charters”. C’est par cette déclaration que Afif Kchouk, directeur du magazine Tourisme-info et organisateur du Salon MIT a entamé son intervention lors du Forum UTICA/MEDEF organisé vendredi 5 juillet au siège du patronat et dont le thème principal tourne autour des nouvelles opportunités de croissance en Tunisie.
“La Tunisie doit miser sur d’autres produits, tel le tourisme culturel et celui de congrès et cela ne pourrait réussir que si l’Etat intervient, car ce sont des produits qui nécessitent énormément de moyens et d’accompagnement de la part des autorités publiques tunisiennes”, a déclaré Jean-Jacques Dessors, directeur général Afrique, Océan indien et Caraïbes.
Il a précisé que le groupe Accord investit moins dans l’hôtellerie (dans la pierre) et plus dans la distribution et surtout la e-distribution. “Nous voulons garder nos marges bénéficiaires et ceci passe forcément par la mise en place d’outils numériques pour contrebalancer les offres des agences en ligne. Le but est d’arriver à réaliser un bon équilibre avec les agences en ligne et rééquilibrer nos investissements. 180 milliards d’euros ont été investis dans le numérique”.
Pour René-Marc Chikli, président de CÉTOS, il est important pour la Tunisie de continuer à développer le balnéaire mais conjugué avec d’autres produits. Des évolutions notables ont lieu dans d’autres pays de par le monde. Comme en Croatie qui a opéré un changement de taille sur la formation dans le secteur touristique qui a métamorphosé la qualité du tourisme, passant du tourisme de masse à celui haut de gamme. “Il ne faut pas non plus négliger le numérique, essayons ensemble de faire en sorte que l’offre corresponde aux besoins du marché et aux exigences des larges pans de clientèles. Et je voudrais â ce propos rappeler que les TO européens ont perdu 120 millions d’euros dans les pays du printemps arabe. Nous estimons qu’il serait judicieux de chercher d’autres niches, celles des enfants et des marchés de province tout en accordant de l’intérêt à l’arrière-saison. En hiver, le marché touristique a accusé un recul de11%”.
Pour Sylvia Pinel, ministre française de l’Artisanat, du Commerce et du Tourisme, le secteur touristique reste très important sauf qu’il va falloir développer et s’adapter aux flux supplémentaires, satisfaire à une offre diversifiée, meilleure et user des nouvelles technologies pour développer l’offre et attirer des nouvelles catégories de touristes. “Nous comptons dans la nouvelle stratégie du ministère améliorer l’accès des vacances aux Français, les jeunes et les familles monoparentales afin qu’ils puissent venir découvrir ce beau pays qu’est la Tunisie et je voudrais rappeler sur nous restons le premier marché pour le tourisme tunisien”.
Dans cet ordre des choses, il y a eu signature d’un mémorandum entre la Tunisie et la France sur le développement du tourisme rural au niveau de la formation et le soutien aux PME/PMI ainsi que des contrats de destination sur certains sites tunisiens.
Jamel Gamra, ministre tunisien du Tourisme, a voulu envoyer des messages rassurants à l’assistance en citant les chiffres du premier semestre qui sont très “positifs, puisqu’au 30 juin 2013, nous avons dépassé les réalisations de l’année dernière de plus de 4%”.
La croissance du secteur touristique est directement liée à l’investissement et l’emploi, a indiqué le ministre, ce qui implique un modèle économique clair, une vision et une confiance partagées et la capacité d’être compétitifs. “Nous avons un grand réservoir de Tunisiens innovants. L’économique doit assurer son rôle au niveau du social, soit des opérateurs qui peuvent s’imposer dans leur environnement social avec courage et audace”.
La nouvelle stratégie du ministère consiste à diversifier les produits touristiques et les articuler autour des axes culturels et artisanaux, ce qui exige la restructuration aussi bien de l’administration que de la profession. “Nous visons le renforcement de la formation et de la mise à niveau pour développer les niches dans lesquelles nous avons développé des compétences comme le tourisme saharien, de santé, le golf. Nous accusons malheureusement un grand retard dans la maîtrise des nouvelles technologies, la mise en place d’un système de gouvernance fiable et rassurant pour les acteurs locaux et internationaux”.
Jamel Gamra, qui a invité et insisté pour que les opérateurs domestiques et français ne se privent pas de “rêver et rêvent” pour pouvoir se projeter dans l’avenir et réaliser leurs ambitions, a rappelé que l’endettement ne touche que 10% de notre infrastructure hôtelière.
Il a aussi tenu à préciser que l’Open Sky est un chantier encore ouvert entre la Tunisie et l’Europe.