Le marché du ciment en Afrique, particulièrement en Tunisie, se situe dans une phase embryonnaire par rapport aux autres marchés mondiaux, notamment ceux européen, américain et asiatique. A cet effet, une importante marge d’évolution s’offre à cette industrie, afin d’assurer son expansion. Pour ce faire, le département Recherche et Analyses de l’intermédiaire en Bourse, MAXULA Bourse, a identifié, dans une note de recherche relative au secteur du Ciment en Tunisie, plusieurs axes de développement qui peuvent être considérés.
Premièrement, un examen des prix pratiqués pour la vente d’une tonne de ciment, montre que les prix en Tunisie demeurent parmi les plus faibles dans le monde. A titre indicatif, une tonne de ciment se traite à 74 dinars en Tunisie, contre un prix moyen de 215 dinars la tonne en Afrique et dépassant même les 225 dinars dans certains pays du continent.
Ce différentiel de prix constitue un gain potentiel pour les cimentiers tunisiens qui peuvent profiter de cet avantage compétitif, surtout avec l’ouverture des frontières pour l’exportation et l’éventuel démantèlement des restrictions gouvernementales imposées sur le marché de l’export, en faveur de la satisfaction de la demande du marché local.
Deuxièmement, et toujours dans l’objectif d’une amélioration de leur efficacité opérationnelle, les cimentiers tunisiens peuvent s’orienter vers l’utilisation des énergies alternatives à la place des combustibles fossiles classiques. Plusieurs cimentiers internationaux ont lancé un programme de substitution par des combustibles alternatifs, pour l’essentiel des déchets d’origine industrielle, ménagère ou végétale. A titre indicatif, pour Lafarge, ces combustibles représentent aujourd’hui près de 13% du mix énergétique du groupe.
Au Sénégal, la SOCOCIM Industries, filiale du groupe Vicat, a également noué un partenariat avec une nouvelle décharge pour y installer un centre de tri qui doit permettre de collecter 22.000 tonnes de déchets plastiques pour les transformer en combustibles. Cependant, bien que ces solutions viennent compléter les autres dispositifs d’élimination des déchets, encore peu développés dans les zones urbaines des pays émergents, le taux d’usage de ces combustibles alternatifs en Afrique demeure le plus faible à 2,4%, comparativement aux pays développés.
Troisièmement, à l’instar des gros acteurs présents sur le marché international du ciment, les cimentiers tunisiens peuvent étendre leur gamme de produits à travers une diversification de leurs portefeuilles. Une analyse de la composition des portefeuilles produits de certains cimentiers de renom, montre une redistribution du poids des différents produits durant la dernière décennie.
Par ailleurs, l’étude prévoit une bonne progression du marché du ciment en Tunisie, vu le dynamisme des activités du bâtiment et travaux publics. En effet, il y a lieu de citer l’activité du bâtiment soutenue par les programmes de logements sociaux et par la progression de l’auto-construction. Entre 2012 et 2015, une réhabilitation intégrée de 73 quartiers, dont 39 quartiers dans les gouvernorats intérieurs du pays, au profit de près de 430.000 habitants, est programmée. D’autre part, le ministère de l’équipement a mis en place, courant l’année 2012, un programme relatif au développement des systèmes de planification territoriale et urbanistique, à travers la révision et l’actualisation du cadre juridique.
Tous ces éléments devront insuffler un nouvel élan à l’industrie cimentière en Tunisie et entraîner à terme, une professionnalisation du marché du ciment .