éplacement en Palestine, le 2 juillet 2013 (Photo : Abbas Momani) |
[10/07/2013 12:02:50] Rome (AFP) Nervosité des partisans de Silvio Berlusconi face à ses déboires judiciaires, mauvais signaux en provenance du FMI et de l’agence Standard and Poor’s: deux mois après sa formation, le gouvernement italien de coalition gauche-droite mené par Enrico Letta est sous pression.
Mercredi matin, députés et sénateurs du PDL, le parti du Cavaliere, ont menacé de boycotter les travaux du Parlement ainsi qu’une réunion de la majorité prévue jeudi.
Objet de leur ire: la convocation surprise d’une audience de la Cour de Cassation en plein été, le 30 juillet, pour statuer sur une condamnation du magnat des médias pour fraude fiscale dans l’affaire Mediaset, du nom de son empire médiatique.
L’enjeu pour le Cavaliere, condamné le 8 mai à quatre ans de prison dont trois amnistiés et à une interdiction d’exercer tout mandat public pendant cinq ans, est d’importance. S’il ne court aucun risque de se retrouver derrière les barreaux, notamment en raison de son âge, 76 ans, il redoute de se voir privé de son mandat de sénateur.
énie (Photo : Hrvoje Polan) |
Chacun tablait sur une audience de la Cour de Cassation en novembre, voire plus tard. Mais la plus haute juridiction pénale a indiqué avoir avancé l’audience afin d’éviter la prescription d’une partie des accusations contre le Cavaliere.
“Une précipitation totalement injustifiée”, a tonné l’un de ses avocats, Franco Coppi, tandis que ses partisans dénonçaient “une justice sommaire”, allant jusqu’à réclamer un retour aux urnes face à un “complot politico-judiciaire”.
Sans se départir de son apparente – et désormais habituelle – placidité, Enrico Letta répète pour la énième fois que cet épisode ne “met pas en péril la stabilité du gouvernement”. Il a appelé à “l’esprit d’équipe” et “la cohésion” pour surmonter la crise économique.
Il a affiché la même sérénité après la décision de l’agence américaine Standard and Poors de dégrader la note de la troisième économie de la zone euro de BBB+ à BBB, le niveau de… la Bulgarie. L’agence américaine se base sur des prévisions de croissance en berne :-1,9% du PIB cette année et +0,5% en 2014, des prévisions plus pessimistes que celles du FMI (-1,8% et +0,7%). Elle craint de plus que Rome ne tienne pas ses engagements budgétaires.
Tout en jugeant cette dégradation “peu généreuse”, le chef du gouvernement, Enrico Letta, a reconnu que la péninsule était toujours “sous surveillance spéciale” mais n’a pas voulu dramatiser. Pris en tenailles entre ses engagements de rigueur budgétaire envers l’Europe et les promesses de baisses d’impôts du parti de Silvio Berlusconi. Il a même confirmé la suspension de la taxe immobilière sur la résidence principale, un point non négociable pour le Cavaliere.
Pour l’analyste Christian Schulz de la banque Berenberg, cette dégradation montre que les élections législatives de février et l’impasse politique qui a suivi “ont affaibli la discipline fiscale”. Il cite en particulier le report d’une hausse prévue de la TVA et “des programmes d’investissement modestes”.
Mais l’avertissement de l’agence de notation peut aussi aider le Premier ministre à “restaurer le sens du réalisme et de l’urgence”, souligne-t-il.
De leur côté,les analystes d’Unicredit, la plus grande banque italienne, estiment que la dégradation de la note peut provoquer une “instabilité à court terme” mais devrait avoir “un impact très limité” sur les taux d’intérêt. Ils relèvent de plus que l’Italie se trouve en position “très favorable” sur le marché de la dette, le Trésor italien ayant déjà atteint 66% de ses emprunts à moyen et long terme cette année.
Signes modestes mais encourageants mercredi, la production industrielle est repartie à la hausse (0,1%) en mai et le Trésor a pu emprunter comme prévu 7 milliards d’euros à court terme, à des taux toutefois en légère hausse.
“Nous pouvons voir les premiers signes de croissance”, a prédit le ministre des Finances, Fabrizio Saccomanni.
Mais pour le gouverneur de la banque centrale, Ignazio Visco, le pays est encore en phase de “transition difficile”, notamment en raison d’un “risque de ralentissement de l’économie mondiale”.