Une minorité d’intérimaires vont pouvoir accéder à un CDI

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égion parisienne

[11/07/2013 17:57:13] Paris (AFP) Travailler en intérim en CDI sera bientôt possible en France: après cinq mois de négociations tendues, trois syndicats et le patronat ont signé jeudi un accord ouvrant le contrat à durée indéterminée à la frange des intérimaires les plus convoités.

Les agences d’intérim, représentées par l’organisme patronal Prism’emploi, s’engagent à ce que ce nouveau CDI soit signé d’ici trois ans par 20.000 salariés. Cet objectif représente moins de 5% des quelque 500.000 équivalents temps plein recensés début 2013, sur 2 millions de personnes passant chaque année par l’intérim.

La CFDT, la CFTC et la CFE-CGC ont validé l’ultime version du texte patronal. Pas FO et la CGT, pour lesquels “le compte n’y est pas”.

Pour François Roux, délégué général de l’organisme patronal de la branche, il s’agit d’une “évolution historique” pour le secteur. Le CDI va permettre “de concilier plus de sécurité” pour les salariés tout en répondant mieux aux “besoins de flexibilité des entreprises”, selon le président de Manpower Alain Roumilhac.

La signature de cet accord permet aux agences d’échapper au renchérissement des cotisations chômage prévu pour les contrats courts par la loi sur la sécurisation de l’emploi, et entré en vigueur pour certains CDD au 1er juillet. Il leur aurait coûté a minima 200 millions d’euros.

A l’instar de certains pays européens –en Allemagne, le CDI est la forme la plus courante de contrat pour les intérimaires–, la porte vers le CDI est donc désormais ouverte. Mais l’entrée reste bien gardée. Les 6.900 agences de ce secteur éprouvé par la crise se réservent le droit de proposer un CDI à leurs éléments aux compétences les plus pointues dans les secteurs recherchés (restauration, métallurgie, informatique, etc.).

Employés en CDI par les agences, ces salariés ne connaîtront plus l’attente incertaine d’une nouvelle mission et peuvent espérer un accès plus facile au crédit et au logement.

Une “garantie minimale mensuelle de rémunération” (jusqu’à 1,25 Smic pour les cadres) est prévue en cas de longue période non travaillée.

Pour la financer, l’indemnité de fin de mission de 10% est supprimée pour les CDI et redirigée vers un “Fonds de sécurisation des parcours”.

Pour François, charpentier-tôlier dans la réparation navale installé près de Nantes, avec le CDI, “peu d’intérimaires y trouveront leur compte financièrement”. “Mais, à 58 ans, ça devient de plus en plus difficile de trouver des missions”, consent-il.

200.000 emplois perdus depuis 2007

Pour les entreprises du travail temporaire, outre d’éviter la majoration de cotisations, le nouveau contrat présente l’avantage de fidéliser ces intérimaires hautement disputés et de sécuriser l’investissement en formation fait sur eux.

Les organisations de salariés se sont par ailleurs attachées à faire avancer le deuxième volet de négociation, celui de la “sécurisation des parcours” des intérimaires en contrat classique.

Depuis 2007, le secteur a perdu plus de 200.000 emplois en équivalent temps plein. Et plus d’un intérimaire sur deux est en mission moins de 1,6 mois dans l’année.

Les agences s’engagent ainsi à augmenter la durée d’emploi annuelle de 40 heures pour les 80.000 salariés qui travaillent 800 heures sur l’année (4 mois). Coût pour les agences: 60 à 70 millions, financés par le même Fonds de sécurisation auquel ces dernières abonderont une cotisation équivalente à 0,5% de leur masse salariale.

Du côté des signataires, la CFDT estime que “les objectifs de sécurisation sont remplis” et salue l’importance de cet “aboutissement dans une période difficile pour l’emploi”.

La CFTC qualifie cet accord de “recevable”, insistant sur la “stabilité” que le CDI offrira “à des milliers de personnes”.

Mais pour la CGT, cet accord est un “marché de dupes” car “déjà plus de 20.000 salariés intérimaires travaillent à plein temps” et rien ne sera fait pour “les intérimaires totalement précarisés”.

Le CDI proposé est “au rabais” et “précaire” et les salariés qui l’accepteraient “perdront de l’argent”, estime pour sa part FO.

Les deux syndicats non signataires soulignent qu’avec cet accord, le bilan financier est “largement favorable” pour les agences d’intérim.

Pour entrer en application, l’accord doit encore faire l’objet d’un arrêté du ministère du Travail, qui jugera si le Code du travail doit être modifié.