Washington : un plan d’aide à l’économie palestinienne se prépare

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éricain, John Kerry, le 2 juillet 2013 à Bruneï (Photo : Jacquelyn Martin)

[12/07/2013 08:30:49] Washington (AFP) Dans la plus grande discrétion, une équipe d’experts internationaux élabore depuis des mois un plan de relance de l’économie palestinienne par des capitaux privés, activable en cas de redémarrage des pourparlers de paix avec Israël.

Le secrétaire d’Etat américain, John Kerry, a dévoilé en mai, lors du Forum économique mondial en Jordanie, les contours d’un projet visant à attirer quatre milliards de dollars d’investissements dans huit secteurs cruciaux de l’économie palestinienne dans les trois prochaines années.

Après des décennies d’impasse, les détails du plan, préparé en secret sous l’égide de l’émissaire du Quartette pour le Proche-Orient, Tony Blair, sont toutefois gardés sous clé en attendant que les négociations, au point mort depuis septembre 2010, reprennent.

L’objectif est que le projet soit “réel, tangible et prêt à être lancé”, a expliqué John Kerry, qui a affirmé qu’une première analyse prédisait des résultats “stupéfiants”: une augmentation du produit intérieur brut palestinien de 50% en trois ans, et une réduction du chômage de 21% à 8%.

Mais des plans similaires lancés à l’initiative des Américains ont déjà, dans le passé, suscité l’espoir avant de s’effilocher.

L’absence de détails concrets fait aussi craindre à certains un déficit de propositions.

Mais pour d’autres, le secret est nécessaire pour ne pas donner l’impression qu’une “paix économique” puisse se substituer au processus politique conduisant à une solution à deux Etats.

“Les dirigeants palestiniens n’offriront pas de concessions politiques en échange d’avantages économiques”, a insisté Mohammed Moustafa, président du Fonds d’investissement palestinien, après les déclarations de John Kerry.

Le plan d’investissement serait le moyen de réduire la dépendance de l’économie palestinienne envers l’aide étrangère, qui a récemment été réduite, expliquent des sources à l’AFP.

Car après des années de forte croissance, l’économie palestinienne est retombée dans une croissance plus modeste en 2012, sous le coup d’un assèchement des dons internationaux face à l’impasse des négociations de paix.

“Les dons étrangers, pas tenable à long terme”

Le moteur de la croissance “est en grande partie les dons étrangers, ce qui n’est pas tenable à long terme. Les créations d’emploi sont vraiment nécessaires”, explique Mariam Sherman, responsable de la Cisjordanie et de la bande de Gaza à la Banque mondiale.

“Nous voulons plus d’investissements dans le secteur privé”, dit-elle à l’AFP.

Selon le Fonds monétaire international, la croissance tombera à 4,25% cette année, loin des 11% enregistrés en 2010 et 2011.

Le chômage devrait atteindre 24% en Cisjordanie et 31% à Gaza, dont 50% chez les femmes.

La baisse de l’aide étrangère depuis deux ans “a poussé l’Autorité palestinienne au bord de la faillite”, a estimé le Moshe Dayan Center, à l’Université de Tel Aviv en juin. “L’Autorité palestinienne a été incapable de verser entièrement et à temps les salaires des fonctionnaires”.

Les obstacles à la manne financière envisagée pour les huit secteurs ciblés (bâtiment/logement, matériaux de construction, tourisme, industrie manufacturière légère, agriculture, énergie, eau et technologies de l’information) restent toutefois nombreux, Israël restreignant la libre circulation des biens, des capitaux et des personnes dans les territoires palestiniens.

Le rapport du FMI, publié la semaine dernière, a dénoncé “les contrôles israéliens persistants et les obstacles aux mouvements internes, aux exportations, aux importations en Cisjordanie, ainsi que la quasi-fermeture de Gaza”.

Sans aéroport ouvert, toute la production palestinienne, notamment le marbre, les dattes et les herbes cultivées dans les exploitations agricoles de Cisjordanie, est transportée par camions vers la Jordanie via le pont Allenby.

Certains produits jugés à double utilisation, comme les engrais, sont en outre interdits d’importation par Israël, ce qui obère la productivité palestinienne.

Aucune date n’a été fixée pour la présentation du plan du Quartette.