Rio Tinto Alcan repris par l’Allemand Trimet

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Le site industriel de Rio Tinto Alcan de Saint-Jean-de-Maurienne, le 12 juillet 2013 (Photo : Jean-Pierre Clatot)

[13/07/2013 08:58:21] Paris (AFP) L’accord de reprise des sites industriels Rio Tinto Alcan de Saint-Jean-de-Maurienne et de Castelsarrasin par le groupe allemand de l’aluminium Trimet sera signé samedi, a indiqué vendredi soir à l’AFP une source gouvernementale.

Le groupe familial allemand a négocié depuis mars avec Rio Tinto Alcan (RTA) et le gouvernement la reprise des deux usines, qui emploient au total 510 personnes.

“La signature de l’accord est prévue samedi”, a indiqué la source gouvernementale, sans donner plus de détails.

Les pourparlers se sont intensifiés ces dernières heures avec l’arrivée à Paris des PDG des deux groupes, la Canadienne Jacynthe Côté pour RTA et Hans-Peter Schlüter pour Trimet, une société qui emploie 1.900 personnes.

Selon un communiqué de la députée socialiste savoyarde Béatrice Santais, le Premier ministre Jean-Marc Ayrault et le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, avaient prévu de se rendre samedi à Saint-Jean-de-Maurienne “pour annoncer les résultats du travail accompli”.

“Je suis extrêmement confiant”, avait déclaré vendredi M. Montebourg, après une longue nuit de négociations qui ont été interrompues vers 08H00 du matin et avant la reprise des pourparlers dans l’après-midi pour sauver 470 emplois à Saint-Jean-de-Maurienne (Savoie) et une quarantaine à Castelsarrasin (Tarn-et-Garonne).

Tout au long des négociations, M. Montebourg avait émis son souhait de voir naître un “Péchiney franco-allemand” avec la reprise des deux usines par Trimet. Il s’était même rendu en Allemagne à la mi-mai pour juger sur pièces les capacités du repreneur potentiel.

Interrogé vendredi avant l’annonce de la reprise, Yannick Bacaria, délégué syndical CGT, prévenait: “je veux voir le projet de Trimet et les investissements qui vont avec avant de déboucher le champagne”. Il ajoutait: “On est contents de se débarrasser de Rio Tinto Alcan”. “Depuis qu’ils sont là, ils ont fait un plan social, n’ont jamais investi et se foutent des salariés”, disait-il.

Les négociations de ces derniers jours ont porté sur des “modalités techniques fines” et se sont poursuivies sur trois points, ont indiqué des sources proches du dossier.

Le premier: le contrat de cession entre Trimet et le géant minier anglo-australien Rio Tinto, qui n’a pas souhaité poursuivre l’exploitation des deux sites à l’échéance de son contrat d’électricité avec EDF au printemps 2014.

Selon ces sources, la soulte que Rio Tinto devrait verser au repreneur potentiel serait inférieure à 100 millions d’euros et les discussions ont porté sur les “modalités du paiement de cette somme”.

Le deuxième point dépendait de l’accord que devaient trouver Trimet et Rio Tinto. Il s’agissait de la participation d’EDF, qui pourrait prendre une participation de 35% au capital de la nouvelle société.

Le géant de l’électricité, qui fournirait en échange de l’énergie à un tarif préférentiel, souhaitait “s’assurer que les conditions de l’accord entre Rio Tinto et Trimet sont conformes à ses attentes en tant que futur actionnaire”, ont indiqué les sources.

Enfin, les termes de la participation de la Banque publique d’investissement (bpifrance) ont aussi été discutées. Elle apporterait du cash à l’opération, mais sans entrer directement au capital, comme étudié dans un premier temps.

Le groupe familial allemand était lui disposé à apporter 20 millions d’euros à l’opération “sous forme de cash ou de garanties”.

En mars, il a ouvert des négociations exclusives avec Trimet, une société fondée en 1987 qui a bâti son succès sur le recyclage de l’aluminium.

Son patron, M. Schlüter, a commencé sa carrière en travaillant pour un distributeur allemand de Péchiney, l’ex-fleuron de l’aluminium français, propriétaire des deux sites, avant leur rachat par le groupe canadien Alcan en 2003 et son absorption par Rio Tinto en 2007.

La reprise de Saint-Jean-de-Maurienne et de Castelsarrasin constituerait ses premières acquisitions d’usines de production à l’étranger et lui permettrait de compléter sa gamme avec le fil aluminium produit sur les sites français.

Trimet a réalisé un chiffre d’affaires de 1,3 milliard d’euros sur l’exercice 2011-12. Il produit 500.000 tonnes d’aluminium par année et augmenterait ses capacités de 100.000 tonnes en reprenant le site de Saint-Jean-de-Maurienne.