Crise des subprimes : le Français Fabrice Tourre jugé à New York

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énat américain, le 27 avril 2010 à Washington

[15/07/2013 06:43:26] New York (AFP) Le procès du Français Fabrice Tourre, un ex-courtier de la banque américaine Goldman Sachs s’ouvre lundi à New York, dans une affaire jugée révélatrice des excès de la finance ayant conduit à la crise financière.

Fabrice Tourre, également connu sous le surnom de “Fab le fabuleux” et aujourd’hui âgé de 34 ans, est jugé pour “fraude” lors de la vente d’un placement financier complexe début 2007, à quelques mois de l’éclatement de la bulle des emprunts hypothécaires à risque, dits “subprime”, aux Etats-Unis.

Son procès doit débuter dans la matinée dans un tribunal de Manhattan, sous la présidence de la juge Katherine Forrest. Après la sélection des jurés, les avocats de l’accusation (le gendarme boursier américain SEC) et ceux de la défense commenceront à exposer leurs arguments. Les débats devraient durer au total deux à trois semaines.

Fabrice Tourre est le seul accusé. Son ancien employeur Goldman Sachs, qui était aussi visé par la plainte initiale de la SEC, a préféré passer un accord à l’amiable et a accepté de payer 550 millions de dollars en 2010 pour solder les poursuites à son encontre.

Dérives de la finance

Comme la “baleine de Londres” Bruno Iksil chez JPMorgan Chase ou Jérôme Kerviel à la Société Générale, Fabrice Tourre est l’un des Français devenu symbole des excès du secteur de la finance, qui ont débouché sur la crise de 2007-2008.

Il avait conçu début 2007 pour Goldman Sachs un placement basé sur des dérivés d’emprunts immobiliers à risque et baptisé “Abacus”. Sans préciser par la suite aux acheteurs que le fonds spéculatif Paulson en avait influencé le contenu et spéculait à la baisse dessus. Parmi ces acheteurs figuraient notamment la banque IKB, première victime en Allemagne de la crise des subprimes, et sa consoeur néerlandaise ABN Amro.

Au moment de la révélation de l’affaire en avril 2010, la presse américaine avait fustigé l’attitude arrogante et suffisante du Français, qui avait refusé de s’excuser lors d’une audition au Congrès.

Les journaux avaient fait leurs choux gras des fêtes dans son appartement new-yorkais à 4.000 dollars par mois, des 2 millions de dollars qu’il avait gagné en 2007, et de courriels privés que leur avait transmis Goldman Sachs, où il comparait les produits qu’il concevait à des “monstruosités” ou de petits “Frankenstein”, et ironisait sur “les pauvres petits emprunteurs peu solvables” qui “ne vont pas faire de vieux os”.

“Fabrice Tourre n’a rien fait de mal. Il est convaincu qu’une fois toutes les preuves prises en considération, le jury rejettera les accusations de la SEC”, ont indiqué ses avocats Pamela Chepiga et Sean Coffey dans un communiqué transmis à l’AFP.

L’affaire pourrait lui coûter cher: la SEC réclame le remboursement des gains mal acquis assorti d’une amende.

Une condamnation pourrait aussi entraîner une interdiction d’exercer, mais Fabrice Tourre a de toute manière quitté entre-temps Goldman Sachs. Le diplômé de l’école Centrale en France et de l’université américaine de Stanford est redevenu étudiant à l’université de Chicago, après avoir un temps travaillé dans l’humanitaire au Rwanda.