Dell contre Icahn : l’heure des comptes a sonné

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à San Francisco (Photo : Kimihiro Hoshino)

[18/07/2013 05:52:20] New York (AFP) Le groupe informatique américain Dell joue son avenir jeudi avec un vote qui s’annonce très serré de ses actionnaires sur son plan de retrait de la Bourse, et qui tranchera entre les visions de deux milliardaires.

La réunion est prévue à partir de 13H00 GMT au siège de Dell à Round Rock au Texas (sud des Etats-Unis).

Le premier milliardaire est le PDG-fondateur Michael Dell, qui veut racheter l’intégralité du groupe avec l’aide du fonds Silver Lake et le retirer de la cote. Il espère ainsi pouvoir recentrer plus sereinement Dell sur d’autres activités que les PC, dont il reste le troisième fabricant mondial mais dont les ventes reculent depuis maintenant cinq trimestres consécutifs.

Face à lui, l’investisseur Carl Icahn, connu pour ses raids boursiers hostiles, est la figure de proue des actionnaires jugeant insuffisant le prix offert de 13,65 dollars (qui représente quand même une opération à 24,4 milliards de dollars). Icahn milite, lui, pour que le groupe s’endette et puise dans ses liquidités pour financer un gigantesque programme de rachat d’actions à 14 dollars par titre.

Les tentatives de comptage des troupes des deux camps laissent apparaître une situation de moins en moins favorable à Michael Dell.

Il est certes le premier actionnaire du groupe avec 15,6% du capital entre ses mains ou celles de proches, à la date du 22 mai, selon l’invitation à l’assemblée générale, mais il ne participera pas au scrutin.

Report du vote ou offre améliorée ?

Trois sociétés de conseil aux actionnaires ont recommandé de soutenir le projet du PDG: Institutionnal Shareholder Services (ISS), Glass Lewis et Egan-Jones.

Les rangs des opposants ont toutefois grossi. Carl Icahn, deuxième actionnaire de Dell avec 8,6% du capital, arrive déjà à quelque 13% avec les titres de son allié depuis le départ, le fonds Southeastern Asset Management. Un autre fonds, T. Rowe Price, qui détient une participation d’environ 4%, a confirmé cette semaine qu’il ne soutiendrait pas non plus le rachat par le PDG. Et le Wall Street Journal affirmait mercredi soir qu’un grand nombre d’investisseurs institutionnels suivraient la même ligne, estimant que désormais 30% de l’actionnariat étaient opposés au rachat. Un chiffre auquel il faudra ajouter les votes blancs ou absents.

Sans rien confirmer de précis, Carl Icahn a laissé entendre que la tendance lui était favorable: “nous avons évidemment des indications et nous avons une impression plutôt bonne”, a-t-il indiqué mercredi soir lors d’une conférence organisée par la chaîne CNBC.

“Je ne sais pas” si Michael Dell va relever son offre, a-t-il reconnu.

La presse financière spécule pour sa part depuis deux jours sur un éventuel report du vote. Le groupe n’a pas voulu commenter.

Les craintes d’un échec du plan de Michael Dell ont fait reculer l’action Dell de 1,08% mercredi. Elle a clôturé la séance à 12,88 dollars, bien en dessous du prix proposé par le PDG.

Signe de la tension qui monte au fil des semaines, des lettres ouvertes aux actionnaires ont été envoyées quotidiennement depuis environ une semaine par Carl Icahn et le “comité spécial” mis sur pied par Dell pour piloter l’opération.

Concrètement, les actionnaires doivent voter jeudi uniquement pour ou contre le rachat par le PDG. Un résultat négatif ne signifiera pas forcément l’application du projet défendu par Carl Icahn: il faudra encore pour cela réussir à faire tomber le conseil d’administration lors d’une assemblée générale ultérieure. “Je pense que je peux gagner ce combat”, a affirmé l’investisseur à CNBC, disant même avoir déjà un patron alternatif en vue.

Jack Gold, un analyste chez J. Gold Associates, prévient toutefois que s’il reste en Bourse, “Dell aura plus de mal à faire les changements nécessaires pour revenir dans le jeu”. Un autre expert du secteur, Roger Kay, chez Endpoint Technologies Associates, met pour sa part carrément en garde contre “un découpage de l’entreprise et la destruction de Dell” en cas de victoire de Carl Icahn.