Hamadi Jebali s’en est rendu compte: le gouvernement de la Troïka qu’il dirigeait n’a pas les compétences requises pour mener à bien sa mission. Car, «en Tunisie (…) ce sont surtout les gens ayant des rapports étroits avec l’ancien régime qui ont eu l’opportunité de prospérer et d’évoluer comme leaders, non seulement dans les secteurs public et privé, mais également dans la société civile», constate un rapport de la Banque africaine de développement.
De ce fait, l’ancien chef du gouvernement a conclu, quelques semaines seulement après sa prise de fonction avec son équipe en décembre 2011, que «la réussite de la transition démocratique passe par l’émergence d’un nouveau leadership» qu’il allait falloir former.
Aussi, le locataire du Palais de la Kasbah décide-t-il de tout faire pour doter la nouvelle Tunisie d’un programme de formation de leaders.
Pour ce faire, il adresse à Jonathan Walters, directeur des programmes régionaux et de Partenariats MENA, au secrétariat exécutif du MENA Trust Fund à la Banque mondiale, une demande de financement d’un programme de renforcement des capacités, sous la houlette du Middle East and North Africa Fund, créé dans le cadre du Partenariat de Deauville, au profit des secteurs public et privé et de la société civile.
Hamadi Jebali y explique que «la réalité post-révolution dans les pays arabes en général et en Tunisie en particulier a souligné la nécessité d’un nouveau leadership pour tirer ces pays vers des sociétés modernes, libres et développées». Plus concrètement, ce sont «les nouveaux et futurs politiciens, dirigeants, et leaders de la société civile (qui) ont besoin d’apprendre à travailler ensemble, à constituer des réseaux, acquérir de nouvelles compétences et développer de nouvelles expériences pour prendre part à la compétition à l’échelle régionale et globale», analyse le chef du gouvernement.
La conviction de l’importance vitale de ce genre de formation s’enracinera encore plus en Hamadi Jebali après qu’il a participé en 2012, avec la plupart des membres de son gouvernement, à une version-test du futur programme de formation des leaders, animée par des experts de la School of Business de l’Université de Victoria et de la Stern School of Business de l’Université de New York.
Finalement, la finalité de cette action étant de «développer une masse critique de capacité de leadership aux niveaux décisionnels de la société tunisienne dans le but de montrer le chemin de l’efficacité institutionnelle», les bailleurs de fonds ont suggéré de débuter par un programme-pilote baptisé «Leading the Way».
Confié au département régional pour l’Afrique du Nord de la Banque africaine de développement (BAD) qui doit en superviser la préparation et la mise en œuvre, ce programme vise, avec le soutien d’un consortium d’institutions académiques internationales, à concevoir et mettre en place la plateforme devant servir à former les futurs leaders pour les rendre aptes à transformer leur pays, et à «accroître la capacité du pays à gérer sa transition démocratique et à créer de nouvelles synergies entre les différentes parties prenantes.
Vaste programme..