érence de presse, à Tokyo, le 22 juillet 2013 (Photo : Yoshikazu Tsuno) |
[22/07/2013 11:06:54] Tokyo (AFP) Au lendemain de sa victoire aux sénatoriales, le Premier ministre japonais Shinzo Abe a promis d?amplifier sa politique de relance mais le plus dur pourrait commencer: avec tous les leviers en main, exécutif et législatif, il se sait attendu au tournant et n?a pas le droit d?échouer.
Dimanche, le Parti Libéral-Démocrate (PLD, conservateur) présidé par M. Abe et son allié du Nouveau Komeito (centre) ont remporté la majorité absolue au Sénat, avec 135 sièges sur 242. La coalition qui avait enlevé la chambre des députés en décembre, entraînant le retour au pouvoir de M. Abe, contrôle désormais les deux chambres du Parlement.
“Lors de ces élections, nous avons promis aux électeurs d’intensifier notre politique économique. Nous avons dit que c’était la seule possible. Ils nous ont entendus et soutenus”, s’est félicité lundi M. Abe.
Le Premier ministre a lancé depuis sept mois une stratégie de relance à trois “flèches”, surnommée “Abenomics” par les médias et qui a attiré l’attention à l’étranger. Il a dans un premier temps fait voter des budgets supplémentaires pour financer de grands travaux, avant de pousser la Banque du Japon à assouplir considérablement sa politique monétaire pour en finir avec une déflation chronique.
Traduction directe affirment ses partisans, coïncidence heureuse objectent les critiques: l’activité est quelque peu repartie dans la troisième puissance économique mondiale, dont le Produit intérieur brut a grimpé de 1% au premier trimestre par rapport au quatrième trimestre 2012.
Décochée par M. Abe peu avant le scrutin, la troisième flèche a une cible plus difficile à atteindre: doper le potentiel de croissance du pays via un ensemble de réformes allant de la restructuration d’un secteur agricole vieillissant à la conclusion d’accords de libre-échange avec les Etats-Unis et la zone Pacifique, l’Union européenne et enfin le tandem Chine-Corée du Sud, en passant par une série de déréglementation.
Soutenu par le patronat, le gouvernement prévoit aussi de modifier les règles du marché du travail, une perspective qui fait craindre à la gauche et aux syndicats un assouplissement des règles du licenciement au pays jadis surnommé “de l’emploi à vie”.
écialiste du marché des changes, à Tokyo, le 5 juillet 2013 (Photo : Kazuhiro Nogi) |
Mais le quotidien populaire Mainichi a prévenu que le succès électoral de M. Abe ne signifiait en rien une “carte blanche” offerte par les électeurs, y voyant plutôt “une victoire par défaut”.
La participation aux sénatoriales a reculé en effet de plus de 5 points par rapport au scrutin précédent en 2010, à 52,60%, malgré l’autorisation donnée pour la première fois de faire campagne sur internet.
Selon la presse, la victoire de M. Abe s’explique avant tout par l’effondrement du Parti Démocrate du Japon (PDJ, centre gauche) qui a ruiné les espoirs placés en lui lors de la courte alternance durant laquelle il a été aux affaires de 2009 à 2012.
Le journal Asahi (centre gauche) a vu dans l’élection de dimanche “une réminiscence de l’époque où le PLD régnait seul”, monopolisant le pouvoir de la fin des années 1950 à 2009 quasiment sans interruption.
Avec un horizon dégagé de trois ans sans élection nationale, M. Abe a conscience d’être maintenant exposé comme jamais. “Nous ne pourrons plus nous en prendre à un Parlement divisé ou aux partis d’opposition” en cas d’échec car “les Japonais nous ont à l’oeil”, a-t-il lancé à ses collègues du PLD.
à un écran de la Bourse de Tokyo, le 4 juillet 2013 (Photo : Kazuhiro Nogi) |
Contrairement aux indices boursiers, les salaires n’ont pas progressé depuis son retour aux affaires, et le pouvoir d’achat des classes moyennes pourrait souffrir si l’inflation, comme le souhaite le gouvernement, repartait mais sans être accompagnée d’une hausse des rémunération.
Dans un rapport récent, le FMI a lui-même averti que la politique de M. Abe comportait “des risques considérables”, notamment celui de gonfler une dette publique déjà colossale, si des efforts de maîtrise budgétaire n’étaient pas vite engagés.
Le Premier ministre a toutefois repoussé à l’automne la décision finale d’augmenter ou non la taxe sur la consommation qui sera prise “en fonction de la situation économique”.