Plaidoyer d’Obama pour une classe moyenne selon lui assiégée

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é Knox de Galesburg (Photo : Brendan Smialowski)

[24/07/2013 18:55:25] Galesburg (Etats-Unis) (AFP) Barack Obama a appelé mercredi à rejeter les “forces qui ont conspiré depuis des décennies contre la classe moyenne”, et à renforcer cette dernière afin d’assurer la prospérité à long terme des Etats-Unis.

Accusant ses adversaires républicains d’avoir “ignoré (ce) problème” et de préférer se consacrer à “un défilé sans fin de diversions, de prises de position politiciennes et de faux scandales”, le président américain a défendu sa vision de l’économie lors d’un discours-cadre dans une université de Galesburg (Illinois, nord).

Sans entrer dans les détails de ses propositions, qui seront dévoilées au fur et à mesure des déplacements qu’il doit effectuer aux Etats-Unis jusqu’à au moins la fin septembre, M. Obama, très combatif pendant son intervention inhabituellement longue -67 minutes-, en a évoqué les grands thèmes: les infrastructures, la formation, l’accès à la propriété, les retraites, la santé et la mobilité sociale.

Il a promis de dévoiler bientôt d’autres idées pour renforcer la classe moyenne. “Certaines sont des idées dont j’ai déjà parlé auparavant, d’autres seront nouvelles; certaines demanderont (un feu vert du) Congrès, je pourrai en appliquer d’autres tout seul; certaines pourront s’appliquer tout de suite, d’autres prendront des années à s’appliquer pleinement”, a-t-il assuré.

A propos de la formation supérieure, dont les coûts ont explosé et accablent les jeunes adultes de dettes, il a évoqué “une stratégie agressive pour réformer le système”, remarquant que “si vous pensez que l’éducation est chère, attendez de voir ce que va nous coûter l’ignorance au XXIe siècle” sur le plan de la compétitivité avec d’autres pays.

“Mais la clé est de faire cesser la tendance qu’a Washington d’aller de crise en crise. Ce qu’il nous faut, ce n’est pas un plan sur trois mois ou même un plan sur trois ans, mais une stratégie américaine à long terme, sur la base d’efforts persistants pour renverser les forces qui ont conspiré depuis des décennies contre la classe moyenne”, a ajouté le président.

Nouveaux affrontements budgétaires

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é Knox de Galesburg (Photo : Brendan Smialowski)

M. Obama, qui revenait sur les lieux d’un discours économique prononcé peu après avoir pris ses fonctions de sénateur en 2005, a relevé que même avant la crise de 2008, la classe moyenne avait subi “une érosion pendant des décennies”.

Et même si “cinq ans après le début de la récession, les Etats-Unis sont de retour après s’être battus”, “nous n’y sommes pas encore pleinement arrivés”, a-t-il dit, en déplorant que les “1% de plus riches” aient quasiment monopolisé les augmentations de revenus ces dix dernières années.

Se disant déterminé à travailler avec les démocrates et les républicains du Congrès, M. Obama a toutefois lancé des piques à ses adversaires, en regrettant que certains veuillent rééditer “le fiasco qui a handicapé une reprise fragile en 2011”, allusion à la crise politique sur le relèvement du plafond de la dette.

“Nous ne pouvons pas nous permettre de répéter” un tel affrontement, a prévenu M. Obama, alors qu’un nouveau relèvement du plafond de la dette sera nécessaire au plus tard à l’automne et que le président républicain de la Chambre, John Boehner, a lié un tel relèvement à de nouvelles coupes dans les dépenses.

Après Galesburg, M. Obama devait se rendre à Warrensburg (Missouri, centre) pour une seconde intervention. Il doit aussi prononcer un discours jeudi à Jacksonville (Floride, sud-est).

M. Boehner, dont les troupes ont bloqué de nombreuses initiatives présidentielles depuis début 2011, a dénoncé mercredi la vacuité selon lui de l’argumentaire de M. Obama. “Quel est le but (de ce discours)? Qu’est-ce qu’il va accomplir? Vous avez déjà la réponse. Rien. C’est une coquille vide. Un oeuf de Pâques sans bonbons à l’intérieur”, a-t-il ironisé.

M. Obama, en demandant à nouveau une hausse de la fiscalité pour les plus riches, chiffon rouge pour les républicains, a rétorqué à ces critiques, en appelant les républicains à “partager (leurs) idées concrètes avec le pays” au lieu d’organiser des “votes sans signification sur l’abrogation” de la réforme de la santé adoptée en 2010.

L’offensive débutant mercredi devrait aussi permettre à M. Obama d’occuper le terrain à l’approche de nouvelles batailles budgétaires au Congrès, et alors que nombre de parlementaires commencent à tourner leur regard vers les élections de novembre 2014.