à Londres, le 10 juillet 2013 (Photo : Andrew Cowie) |
[25/07/2013 07:02:30] Paris (AFP) Téléphonie mobile, contrats d’assurance, activités bancaires ou même vente de sucreries au guichet: pour compenser la chute inexorable des volumes du courrier, les postes du monde entier se diversifient pour subsister, même si certaines n’échappent pas à la privatisation.
Début juillet, après quatre tentatives avortées dont la dernière remontait à 2009, le gouvernement britannique a lancé la privatisation de Royal Mail, dont l’Etat pourrait au final ne détenir plus que 49%.
L’objectif de l’opération est de poser “des bases viables pour l’avenir” et donner “une véritable liberté commerciale” à la poste britannique, dont les bénéfices ont bondi l’an dernier grâce au boom de l’envoi de colis – consécutif au succès du e-commerce – après des années dans le rouge en raison de la perte de vitesse du courrier traditionnel.
Les opérateurs du monde entier, à l’exception de certains pays émergents, sont confrontés depuis plusieurs années à la chute des échanges de courrier, causée par l’usage croissant d’internet et des mails. Pour la seule année 2011, le volume du courrier au niveau mondial a diminué de 3,7%, et même de 5,1% en un an pour l’Europe et la CEI, selon l’Union postale universelle (UPU).
Et encore, ces chiffres prennent en compte les petits paquets de moins de 2kg, “qui connaissent une incroyable croissance grâce aux achats sur internet”, souligne à l’AFP Wendy Eitan, coordinatrice de la stratégie des produits pour l’UPU, institution spécialisée de l’ONU.
Si les opérateurs postaux investissent de nouveaux secteurs d’activité, ils ne doivent pas pour autant oublier de faire fructifier leurs atouts: “La poste reste le tiers de confiance aux yeux du public pour certifier le courrier électronique, ou pour organiser le retour de marchandises” liées au e-commerce, selon Mme Eitan.
à Los Angeles, le 6 février 2013 (Photo : Kevork Djansezian) |
C’est sur cet essor du commerce en ligne – et donc des paquets en circulation – qu’ont misé de nombreuses postes, comme Deutsche Post en Allemagne qui va investir environ 750 millions d’euros d’ici 2015 pour étoffer son réseau de relais-colis, avec 20.000 nouveaux points de réception.
PostNord – qui rassemble depuis 2009 les postes suédoise et danoise dans un souci de rationalisation – a également été bénéficiaire en 2012 grâce à la croissance solide de la distribution des colis issus du e-commerce.
Et en Espagne, qui a dû faire face à une baisse de 30% des envois postaux ces cinq dernières années, c’est aussi le créneau choisi par le groupe public Correos qui veut “développer l’activité colis, avec des solutions spécifiques et de la valeur ajoutée pour le commerce électronique”.
Correos souhaite également instaurer d’ici 2020 “un modèle dans lequel les revenus ne proviendront plus exclusivement, contrairement à aujourd’hui, de l’activité postale traditionnelle”, résume à l’AFP une porte-parole.
La diversification est devenu le virage indispensable à prendre pour survivre: si la Poste française a également identifié le colis comme “le premier secteur majeur de développement”, elle déploie en parallèle une vingtaine de projets pilotes pour étendre son champ d’activités à la visite aux personnes âgées, la livraison de médicaments ou le relevage de compteurs.
Les opérations bancaires et la téléphonie mobile sont également très largement plébiscitées: les Poste Italiane – encore détenues à 100% par le ministère de l’Economie – recensent aujourd’hui près de 6 millions de comptes courants postaux, et ont vendu 3 millions de cartes SIM.
La poste argentine, el Correo Oficial, privatisée en 1997 puis renationalisée en 2003, propose dans ses 4.343 points de contact de recharger son forfait de téléphonie mobile, mais aussi de payer ses impôts. Elle considère elle-même qu’elle est “devenue une organisation qui propose des opérations complexes, et qui n’est plus seulement un distributeur de lettres et de colis”.
à Paris (Photo : Eric Piermont) |
Au Brésil, la poste va se lancer en 2015 dans la vente de minutes de communication, et “l’idée est d’avoir notre propre marque de téléphone”, indique-t-on.
Aux côtés des produits postaux, la poste finlandaise n’a pas hésité à mettre en vente de la papeterie, de petits jouets ou encore des sucreries pour accroître le chiffre d’affaires de ses bureaux de poste.
La palme de la diversification revient cependant à la poste américaine – dont les difficultés financières sont telles qu’elle va arrêter dès le mois d’août la distribution des lettres le samedi: elle va commercialiser en 2014 sa propre marque de vêtements professionnels, baptisée “Rain, Heat & Snow” (pluie, chaleur et neige), qui n’ont jamais empêché le courrier d’arriver à bon port, selon la légende.