Après Chokri Belaïd en février 2013, une autre figure de l’opposition tunisienne vient d’être assassinée aujourd’hui à Tunis. En effet, Mohamed Brahmi, député à la Constituante, et coordinateur général du Courant populaire, a été tué par balles devant son domicile, ce jeudi 25 juillet 2013, jour de célébration du 56ème anniversaire de la proclamation de la République. Les deux opposants politiques ont été assassinés avec le même mode opérateur, et peut-être aussi pour les mêmes motifs… Ils étaient politiquement gênants et le faisaient savoir à haute voix.
Né en mai 1955 à Hachana, petite localité du sud du gouvernorat de Sidi Bouzid, Brahmi est titulaire d’une maîtrise en comptabilité obtenue en 1982… Il était marié et père de cinq enfants.
Elu membre de l’Assemblée nationale constituante au terme du scrutin du 23 octobre 2011, sur la liste du Mouvement du peuple (Echaab) de tendance nationaliste nassérienne, Brahmi aurait déclaré sur une radio privée, le 30 juin dernier, que «le Mouvement Echaab était visé pour son militantisme et pour son rapprochement avec le Front populaire».
A rappeler également que Mohamed Brahmi avait annoncé, le 7 juillet, à l’occasion de la conférence nationale extraordinaire du mouvement, sa démission avec certains membres du bureau politique du mouvement et la fondation d’un nouveau parti sous l’appellation «Tayar Chaabi» (Courant populaire)…
Donc, beaucoup d’interrogations se posent autour et sur cet acte criminel et odieux: A qui profite le crime? Un règlement des comptes (politiques)? Quel risque? Quels sont les commanditaires? Quelle conséquence aura ce 2ème assassinat (réellement) politique de l’après-Ben Ali? Quelle sera la réaction des partis politiques de l’opposition? Et si ce nouvel assassinat apportait une preuve supplémentaire aux propos de Manuel Valls suite à l’assassinat de Chokri Belaïd?
Pour l’heure, il est difficile d’apporter le moindre élément de réponse à ces questions, même si a priori la Tunisie ne sortira pas grandie de cette épreuve. Bien entendu, tout le monde va commencer à accuser tout le monde ; on cherchera des boucs émissaires à l’étranger; d’autres vont essayer de jouer les victimes.
Dommage, car la Tunisie n’avait vraiment pas besoin de ça, surtout aujourd’hui, l’assassinat de Belaïd n’ayant pas encore été élucidé.