Un trio en voie de se partager le marché du mobile en Allemagne

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érateur, à la foire professionnelle de Berlin, le 30 août 2012 (Photo : Odd Andersen)

[26/07/2013 11:55:27] Berlin (AFP) La concentration du marché du téléphone portable en Allemagne, avec la fusion annoncée de O2 et de l’opérateur E-Plus, pourrait profiter aux consommateurs en matière de qualité de réseau mais sans doute pas en matière de tarifs.

Ensemble, O2, filiale de l’espagnol Telefonica, et E-Plus, filiale du néerlandais KPN vendue cette semaine à Telefonica -actuellement 3e et 4e opérateurs- “donneraient naissance au plus important acteur du mobile en Allemagne avec un nombre total d’abonnés de plus de 40 millions”, explique Adrian Pehl, analyste de la banque Equinet, dans une note.

Ils devanceraient ainsi l’opérateur historique du pays Deutsche Telekom (et sa marque T-Mobile) et ses 37 millions d’abonnés tandis que le britannique Vodafone serait relégué à la troisième place.

Au premier abord, l’émergence d’un gros concurrent, avec une force de frappe doublée, pourrait aviver la concurrence sur le marché de l’abonnement mobile. Mais rien n’est moins sûr.

“Il y a des signes évidents que sur un marché du mobile avec un faible nombre d’acteurs, la pression concurrentielle s’affaiblit progressivement, ce qui profite aux marges des acteurs” présents, qui ne sont plus contraints de se livrer une guerre des prix, explique M. Pehl.

Pour Torsten Gerpott, professeur à l’Université de Duisburg-Essen (ouest), cela ne fait pas de doute. “A court terme les clients ne vont pas en profiter. (…) L’époque des fortes baisses de prix devrait être finie”, a-t-il averti, sur le site internet de l’hebdomadaire Manager Magazin.

Le marché des télécoms européen est agité par de plus en plus de rapprochements entre groupes, à l’instar du rachat en cours de Kabel Deutschland par Vodafone ou des négociations exclusives entre les français SFR et Bouygues pour partager en partie leurs réseaux mobiles. Cela s’explique par l’explosion des besoins d’investissement face à des clients demandant toujours plus de flux, de réseau et de données.

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érateur téléphonique O2, à Berlin, le 19 avril 2007 (Photo : John MacDougall)

En apportant à O2 et E-Plus une marge de manoeuvre financière plus grande, notamment via 5 milliards d’euros de synergies escomptées, leur mariage pourrait avoir un effet positif sur la qualité du réseau du nouvel opérateur, de l’avis des experts.

Mais cette concentration sur le marché allemand du mobile, qualifié comme “l’un des plus lucratifs en Europe” par Ralph Szymczak, analyste chez LBBW, n’est pas encore gagnée.

“La concurrence doit demeurer” et il “ne doit pas y avoir de spirale haussière des coûts”, a prévenu le ministre libéral de l’Economie Philipp Rösler.

Pour s’unir, les deux opérateurs doivent encore obtenir l’aval de leurs actionnaires, dont celui du premier actionnaire de KPN, le géant mexicain America Movil du milliardaire Carlos Slim, mais surtout celui des autorités de régulation, généralement réticentes à une telle réduction du nombre d’opérateurs.

D’ores et déjà, le président de l’Office anti-cartel allemand, Andreas Mundt, a estimé auprès de l’agence dpa que, du point de vue du respect de la concurrence, ce rétrécissement du marché allemand de quatre à trois opérateurs “était tout sauf une évidence, d’autant que E-Plus par le passé s’est montré particulièrement actif en matière de concurrence sur les prix”.

Il a fallu presqu’un an à Hutchison 3G Austria (H3G), filiale du hongkongais Hutchison, pour que la Commission européenne l’autorise à racheter Orange Autriche. Là aussi, le marché national passait de quatre à trois opérateurs.

Pour y arriver, H3G a dû s’engager à céder des radiofréquences et à accorder un accès de gros à son réseau à des opérateurs mobile virtuels, ce qui favorise l’entrée de nouveaux acteurs n’ayant pas les moyens d’avoir leur propre réseau.

Telefonica et KPN espèrent parvenir à leurs fins au premier semestre 2014.