Les économies d’Europe émergentes vont vers la croissance

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Le port de Gdansk, en Pologne

[26/07/2013 12:43:52] Varsovie (AFP) Les économies émergentes d’Europe centrale et orientale pourraient enfin sortir de la tourmente provoquée par la crise mondiale depuis cinq ans, et s’orienter même vers une croissance solide, estiment les experts.

“Le pire est probablement derrière” les pays de la région, a estimé la présidente du Fond monétaire international Christine Lagarde, après la publication des résultats positifs de la croissance au 1er trimestre.

L’Europe émergente comprend les économies plus développées de pays ex-communistes devenus membres de l’UE, ainsi que la Turquie, les pays moins avancés des Balkans, plus la Russie et certaines ex-républiques soviétiques de la CEI.

“Nous estimons que dans son ensemble, la région connaîtra à partir de 2015 une croissance de 3,0% à 4,0% par an”, a déclaré à l’AFP William Jackson, analyste de Capital Economics basé à Londres. Selon lui, l’Europe de l’Est est “plus compétitive” que la périphérie de l’eurozone frappée par la crise de la dette.

Cette opinion est partagée par les analystes d’IHS basé à Washington, qui prédisent pour 2013-2018 une croissance de 22,4% pour cette région, comparé à 6,3% pour la zone euro.

Après avoir mis en place des marchés libres sur les ruines de l’économie planifiée communiste, les pays de la région a beaucoup d’atouts qui n’échappent pas à la Chine.

“Dette publique faible, industries bien intégrés avec l’Europe occidentale et de faibles revenus, tout cela représente un grand potentiel de croissance et de ‘rattrapage'”, estime M. Jackson.

Bien que les investissements chinois y soient encore faibles, la promesse faite en avril 2012 par le Premier ministre Wen Jiabao de 10,5 milliards de dollars en lignes de crédit pour renforcer la présence des entreprises chinoises a ouvert “des pourparlers sur les accords d’investissement avec plusieurs pays de la région”, selon Charles Movit, économiste d’IHS.

Les importations de composants chinois pour assemblage pourraient ainsi “entrer dans l’UE par une porte de cuisine, en particulier dans le domaine de l’automobile”, a-t-il déclaré à l’AFP.

A court terme, le faible développement du crédit va restreindre la demande intérieure, un important moteur de croissance, car les filiales locales de banques occidentales qui dominent dans la région continuent à éviter le risque, estime M. Movit.

Avec la dette publique plafonnant à un niveau qui étouffe le budget, la banque centrale de Pologne, le poids-lourd d’Europe centrale, a fait descendre son taux directeur au plus bas historique de 2,5% pour stimuler la croissance.

Le gouverneur de la banque Marek Belka a toutefois prévenu qu’il allait s’en arrêter là, prévoyant une reprise en cours de l’année.

La Pologne est le seul membre de l’UE a avoir évité la récession depuis vingt ans. Le FMI prévoit que son PIB augmenterait de 1,1% cette année, avant d’accélérer progressivement à 3,5% en 2018.

Malgré les récentes troubles meurtrières et la vulnérabilité aux flux rapides de capitaux étrangers, la Turquie, partenaire commercial de la zone euro “pourrait même réussir une croissance de 5% par an” après 2015, selon M. Jackson, grâce à son vaste marché intérieur.

Une question de confiance

La Croatie, la République tchèque, la Slovénie et l’Ukraine restent toujours plongées dans la récession, alors que la Bulgarie, la Roumanie et la Slovaquie risquent de s’y enfoncer.

La Slovénie, membre de la zone euro, est la plus frappée avec une contraction de 2,5% de son PIB prévue cette année, a indiqué à l’AFP une économiste de la BERD, Piroska Nagy.

“Il y a un grand besoin de réformes dans les secteurs bancaire et corporatif”, a-t-elle souligné.

Devenue en juillet le 28e membre de l’UE, la Croatie, victime de la récession ou de la stagnation depuis quatre ans, a elle-aussi un besoin urgent de réformes structurelles.

La crise politique en République tchèque ne semble pas affecter les marchés, malgré une récession record depuis 18 mois, dont la fin n’est prévue que l’année prochaine.

L’économie russe progresse, grâce surtout au pétrole et au gaz, mais bien en-deçà de son potentiel de locomotive mondiale, estime Mme Nagy. Le PIB de la Russie devrait augmenter de quelque 2,0% à 2,2% cette année, avec une accélération possible à 3,0% en 2014, ajoute-t-elle.

“Ce n’est pas une question de manque d’argent. C’est une question de confiance que l’argent investi ne serait pas gaspillé”, a-t-elle dit à l’AFP.