Des bouteilles de lait Candia |
[29/07/2013 11:48:27] Paris (AFP) Candia lance ses propres boutiques en Chine afin de surfer sur le succès des laits pour bébés des marques étrangères dans un pays où les parents restent traumatisés par le scandale du lait à la mélamine.
La marque française, quasi inconnue en Chine, va se frotter à l’âpre concurrence de géants comme Nestlé et Danone, déjà bien implantés sur ce juteux marché, qui affiche des ventes en croissance à deux chiffres.
Pour se démarquer, Candia, propriété de Sodiaal, plus grande coopérative laitière de France, va vendre ses laits via son propre réseau de distribution, avec l’appui d’un partenaire local, Zhejiang International Business group.
Elle a ouvert le 23 juillet son premier magasin à Wenzhou, dans la province de Zhejiang, au sud de Shanghai; et dix autres ouvriront avant la fin de l?année dans les plus grandes villes de la région, Hangzhou et Ningbo.
“Ce choix d’une distribution spécialisée est essentiel dans un pays où les consommateurs ont un besoin élevé de réassurance sur l’origine des produits, surtout en lait liquide et en laits infantiles”, explique Candia qui va y vendre ses laits UHT longue conservation et surtout ses laits liquides pour bébés Candia Babylait.
“Grâce à ce type de magasin, la marque Candia offre aux clients chinois une source d’approvisionnement directe depuis la France”, insiste son directeur général Giampaolo Schiratti, soucieux de rassurer les parents chinois, qui se ruent sur les laits étrangers depuis le scandale de la mélamine, qui les a traumatisés.
Le scandale du lait trafiqué à la mélamine en 2008 a contaminé plus de 300.000 enfants et coûté la vie à six d’entre eux.
Coopératives françaises avec des Chinois
Candia refuse de dire sur quel niveau de prix il compte se positionner. C’est un sujet sensible alors que les autorités chinoises ont ouvert une enquête sur une possible entente sur les prix de lait infantile entre marques étrangères. Avant même les conclusions de cette procédure, de grands groupes comme le suisse Nestlé et le français Danone se sont engagés à baisser leurs prix.
Avant de se lancer dans la vente en magasin, Sodiaal s’était déjà placé sur le marché chinois avec Synutra, troisième fabricant de produits infantiles en Chine. La coopérative a annoncé en septembre la création en Bretagne de deux tours de séchage de lait et de lactosérum pour ce partenaire pour lui assurer des approvisionnements de lait Made in France.
Car si les marques étrangères misent gros sur le marché chinois des laits infantiles, les marques nationales chinoises tentent de restaurer leur image depuis 2008, en développant notamment des accords avec des producteurs de lait à l’étranger.
Début juillet, c’est le chinois Biostime qui s’assurait des volumes de lait pour bébé “Made in Normandie” en signant un partenariat avec la coopérative normande Isigny-Sainte-Mère.
Au sein de Candia, on se défend de tout risque de pénurie pour les bébés français. Il est vrai qu’avec la fin des quotas laitiers dans l’Union européenne en 2015, la production laitière pourra s’adapter à une demande exponentielle.
Et sans attendre la fin des quotas, la production et les exportations de lait infantile n’ont cessé de croître ces dernières années. Entre 2009 et 2011, la production de poudre de lait conditionnée pour bébé a progressé de plus de 25% pour atteindre près de 105.000 tonnes, selon des données du Cniel (Centre national interprofessionnel de l’économie laitière).
Et les exportations de lait infantile français ont explosé (+50%) en deux ans pour s’élever à 539,5 millions d’euros en 2012. La Chine étant la 2e destination, derrière l’Union européenne et devant l’Algérie.