Panneaux solaires : un “ballon d’oxygène” pour l’Europe

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é du Commerce, Karel De Gucht (c), et le ministre chinois du commerce Gao Hucheng, à Pékin (Photo : Ed Jones)

[29/07/2013 13:16:51] Bruxelles (AFP) L’accord “amiable” trouvé avec Pékin sur les importations de panneaux solaires chinois va apporter un “ballon d’oxygène” aux industriels européens et “donnera le ton” pour d’autres contentieux, notamment celui du vin, a assuré lundi le commissaire chargé du Commerce, Karel De Gucht.

“C’est un bon accord”, a déclaré M. De Gucht, deux jours après son annonce, en réponse aux critiques l’accusant d’avoir “cédé” aux Chinois. “Il répond à un double objectif: il répare un dommage et il permet aux consommateurs européens d’acquérir des panneaux solaires bon marché”, a-t-il expliqué.

Au terme de l’accord, les taxes provisoires imposées début juin aux producteurs chinois tombent. 70% des exportateurs chinois s’engagent à respecter un prix plancher (56 cents par watt que le panneau est capable de produire) et un plafond de 7 gigawatts (un gigawatt = 1 milliard de watts), ce qui correspond à 70% du marché européen dont la capacité est estimée à 11 gigawatts, a-t-on précisé de source européenne.

“Les Européens n’ont jamais été en mesure de produire plus de trois gigawatts”, a-t-on soutenu de même source. “L’accord amiable sécurise ce niveau de production”, a-t-on encore souligné.

“Les Chinois ont accepté de réduire volontairement leur part du marché européen, qui est actuellement supérieure à 80%, ce qui va donner un ballon d’oxygène pour la relance de l’industrie européenne”, a expliqué M. De Gucht, qui n’a pas confirmé les chiffres de l’accord, car ils sont confidentiels.

Un tiers des producteurs chinois n’ont pas accepté cet accord et devront s’acquitter à partir du 6 août de droits anti-dumping de 47,6% et se mettre en concurrence avec les producteurs européens, mais également japonais, sud-coréens et malaisiens sur les 30% restants du marché européen.

“Les producteurs européens vont devoir être compétitifs”, a averti Karel De Gucht.

Le groupement d’entreprises européennes du secteur EU ProSun, a annoncé sa décision de dénoncer cet accord devant la justice européenne. “C’est son droit”, a dit M. De Gucht. “Mais je crois qu’ils font une erreur, car cet accord crée un nouvel espace pour les entreprises européennes”, a-t-il insisté.

“L’accord empêche les Chinois d’aller au delà d’une part du marché européen, et le dommage disparaît pour les Européens”, a soutenu une source européenne.

Mais l’eurodéputé européen français Yannick Jadot s’est dit dubitatif. “L’accord trouvé ne semble pas à même de sauver la filière en Europe”, a-t-il affirmé à l’AFP.

Le projet d’accord avec Pékin, qui court jusqu’à fin 2015, doit être endossé par la Commission européenne le 2 août, et les Etats membres seront appelés à se prononcer à la fin de l’année.

“Nous attendons de connaître les termes exacts de cet accord avant de nous prononcer”, a prévenu la ministre française du Commerce extérieur, Nicole Bricq. “Je souhaite qu’il permette, en retour, que les autorités chinoises mettent fin à l’enquête antidumping lancée sur le vin européen”, a-t-elle ajouté.

“J’espère que cette solution donnera le ton pour les autres dossiers”, a plaidé de son côté M. De Gucht. “Pour le vin, l’enquête est lancée” par les Chinois, a-t-il rappelé, précisant que les dates prévues pour la prise de mesures provisoires était fin avril avant des mesures définitives fin juin, ce qui laisse du temps pour trouver une solution.

“Les Chinois ont le droit de lancer une enquête et ils doivent démontrer des pratiques de dumping. Les producteurs de vins européens assurent qu’ils n’ont pas de pratiques de dumping pour leurs exportations et on va les défendre”, a-t-il assuré.

“S’il y a un problème, nous avons obtenu l’engagement des autorités chinoises de faciliter les discussions”, a-t-il précisé.