ès le 25 juillet 2013 à Fort Meade, dans le Maryland |
[30/07/2013 06:27:16] Fort Meade (Etats-Unis) (AFP) Le jeune soldat américain Bradley Manning doit connaître mardi le verdict de la justice militaire pour la plus importante fuite de documents secrets de l’histoire américaine, qu’il a organisée vers le site WikiLeaks.
Sur la base militaire de Fort Meade, au nord de Washington, où se tient depuis juin le procès en cour martiale, la juge militaire a prévu de rendre sa décision à 13H00 locales (17H00 GMT).
La colonel Denise Lind devrait passer en revue les 22 chefs d’accusation du soldat de 25 ans, traduit devant la justice militaire pour avoir transmis des dizaines de milliers de documents confidentiels au site WikiLeaks qui les a mis en ligne.
Bradley Manning encourt la réclusion criminelle à perpétuité sans possibilité de remise de peine s’il est reconnu coupable de la seule charge de “collusion avec l’ennemi”, le plus grave des 22 chefs d’accusation.
Le soldat de 25 ans a reconnu avoir transmis quelque 700.000 documents militaires et diplomatiques au site WikiLeaks, lorsqu’il était analyste du renseignement en Irak, de novembre 2009 à son arrestation en mai 2010.
Il a même plaidé partiellement coupable de dix charges pour un total de 20 ans de prison.
Mais il a plaidé non-coupable des autres charges, dont celle d’avoir sciemment aidé Al-Qaïda.
Pour le reconnaître coupable de “collusion avec l’ennemi”, la juge doit être convaincue “au delà du doute raisonnable” que Manning avait conscience que ces documents pouvaient finir entre les mains du réseau extrémiste.
Manning, présenté par sa défense comme un être fragilisé par ses troubles d’identité sexuelle, encourt au total 154 ans de prison pour les 21 autres charges et violations du code militaire, dont “conduite de nature à jeter le discrédit sur les forces armées”, fraude informatique, vols et atteintes à la loi sur l’espionnage de 1917.
“Jeune et naïf”
Son avocat David Coombs a demandé l’acquittement pour les accusations d’espionnage, de fraude informatique et “de collusion avec l’ennemi”.
à Washington D.C., le 26 juillet 2013 |
Lors de ses plaidoiries finales, il a soutenu que Manning n’était pas un traître, comme l’affirme l’accusation, mais quelqu’un de “jeune, naïf et bien intentionné”, qui a été choqué par ce qu’il a vu en Irak.
L’avocat avait montré la vidéo d’une bavure commise par un hélicoptère de combat contre des civils en Irak en juillet 2007, que Manning a livrée à WikiLeaks car elle lui faisait horreur.
Manning ne s’était pas exprimé lors du procès mais lors d’une audience préliminaire, il avait lu une longue lettre de justification dans laquelle il affirmait avoir voulu “provoquer un débat public”.
Lors de son réquisitoire, l’accusation l’avait au contraire dépeint comme un être égoïste et téméraire, qui savait bien qu’en transmettant des documents à WikiLeaks, ils seraient mis en ligne et consultés par les ennemis des Etats-Unis, en premier lieu Al-Qaïda.
“Votre honneur, ce n’était pas un lanceur d’alerte, c’était un traître”, avait asséné le procureur militaire Ashden Fein, en requérant une condamnation pour aide à l’ennemi.
ésentation de Bradley Manning (Photo : sr) |
Selon le réseau de soutien de Manning, 17 députés européens ont écrit une lettre au président Barack Obama et au ministre de la Défense Chuck Hagel à la veille du verdict, appelant à la libération du soldat estimant qu’il a “déjà trop souffert” en endurant l’isolement en détention.
Une fois le verdict énoncé, la phase du procès consacrée à fixer la peine pourra commencer, vraisemblablement dès mercredi.