à Lille le 16 juin 2013 |
[30/07/2013 09:44:11] Paris (AFP) Le secteur du logement a marqué un léger rebond au deuxième trimestre en France, mais dans un contexte qui demeure très dégradé, avec une activité en net repli sur les douze derniers mois, reflet des difficultés économiques persistantes du pays.
Les mises en chantier de nouveaux logements en France ont progressé de 8% entre avril et juin 2013 (à 86.200), par rapport à la même période de l’année précédente, mais elles s’affichent en net recul sur douze mois, selon les statistiques publiées mardi par le ministère du Logement.
Cette hausse concerne principalement les logements en résidence (senior, étudiant…) (+27,5%) et collectifs (+16,4%), alors que le secteur du logement individuel se stabilise (-0,5%), précise le ministère.
Les chiffres du mois dernier, qui couvraient la période de mars à mai, avaient enregistré une hausse de 6,6%.
“C’est un léger rebond qui se confirme, mais la construction reste aux niveaux déprimés déjà vus en 2010. Il s’agit plutôt d’un rattrapage, car il était inhabituel d’avoir un écart de l’ordre de 15% entre les permis de construire et les mises en chantier”, analyse Sophie Tahiri, économiste chez Standard and Poor’s.
“Mais si l’on regarde au niveau annuel, on a toujours une baisse de 14%, et par ailleurs les chiffres des logements autorisés, qui sont les mises en chantier potentielles, ne montrent pas de signes d’amélioration”, note-t-elle.
Sur douze mois, entre juillet 2012 et juin 2013, le nombre de chantiers de logements neufs débutés accuse en effet une nette baisse, de 14,2% à 342.294. On observe une certaine stabilisation, puisque le repli était quasiment le même à 300.084 unités (-14,1%), entre juin 2012 et mai 2013.
édification à Saint-Dié-des-Vosges, le 5 juillet 2013 (Photo : Jean-Christophe Verhaegen) |
Fiscalité et conditions de crédit pèsent aussi
Et entre avril et juin, le nombre de permis de construire accordés pour des logements neufs, qui représentent les futures mises en chantier, a en outre piqué du nez, reculant de 14,1% sur un an, à 101.700, alors qu’entre mars et mai, il n’avait cédé que 4,8% à 97.752.
Les permis de construire octroyés accentuent ainsi leur chute sur douze mois, avec un repli de 8,4% sur la période allant de juillet 2012 à juin 2013, à 485.677 unités, contre une baisse de 7,9% à 425.426 il y a un mois.
Cette chute s’observe sur tous les secteurs du logement: logement collectif (-13,3%), en résidence (-9,1%) mais elle est moins prononcée pour le logement individuel (-3%).
“Cela n’est pas surprenant, l’activité de construction reflète toujours le contexte économique, qui en France demeure difficile: nous tablons sur une poursuite de la récession cette année, du chômage jusqu’en 2014, et une baisse de la consommation des ménages”, affirme Mme. Tahiri.
“Dans ce contexte, il n’est pas étonnant que l’activité demeure déprimée”, note-t-elle.
Par ailleurs des conditions de crédit toujours assez restrictives – même si les taux sont à des niveaux historiquement bas – et l’évolution de la fiscalité expliquent aussi les difficultés du secteur.
Ainsi une nouvelle mouture du prêt à taux zéro, le nouveau PTZ+ – mis en place depuis le 1er janvier – consommé essentiellement par les primo-accédants, s’avère moins favorable pour les ménages modestes les plus concernés, ce qui restreint leur demande.
De même, le dispositif qui s’est substitué début 2013 au Scellier, baptisé “Duflot” du nom de l’actuelle ministre de l?Égalité des territoires et du logement, tarde à porter ses fruits. “Il faut du temps, en période économique difficile, pour que les investisseurs assimilent ce nouveau dispositif”, souligne Mme Tahiri.
Enfin, les mesures entreprises pour relancer la construction – ordonnance visant à combattre les recours abusifs contre les permis de construire, simplification des normes et procédures administratives, projet de loi pour l’accès au logement et un urbanisme rénové (Alur) – ne porteront pas leurs fruits avant fin 2014 ou début 2015, estiment les spécialistes du secteur.