Inflexible, le gouvernement se raidit. L’armée meurtrie est humiliée. Des assaillants commettent une impardonnable atteinte au sacré. La crise politique se mue en crise institutionnelle. Alarme !
Le gouvernement choisit d’affronter la disgrâce populaire. Il ne cédera pas à la contestation. Invoquant le leitmotiv de la légitimité des urnes, il s’accroche, en réalité, à une illusion. Le désaveu populaire ne laisse pourtant pas de doute. Il rejette la situation faite d’insécurité et d’instabilité, à laquelle vient se surajouter la vulnérabilité de l’armée.
Trop, c’est trop, halte au massacre, disent les jeunes, les travailleurs, les employeurs, enfin la société civile et les partenaires sociaux. Ils relaient, en ce sens, l’action initiée par le Front du salut national, lancé par les députés dissidents. Le spectacle du peuple atteint dans sa chair et de l’Etat, frappé à ses organes vitaux, confortent dans l’opinion la conviction qu’il faut, coûte que coûte, mettre un terme au processus, rampant et insidieux, de détricotage de l’Etat.
Quelle sera la voie d’action?
“Niet“… le gouvernement joue l’escalade
L’intervention musclée du chef du gouvernement droit dans ses bottes, rigide à l’extrême, ne laisse aucun espoir à une issue tranquille à la crise actuelle. Sa levée de bouclier n’est pas rassurante pour la suite des événements. La crise politique s’approfondit et provoque une déchirure profonde, dans le pays. Toutes les forces vives -UTICA, UGTT et société civile- appellent au départ de la Troïka. Ils redoutent que la crise politique n’achève définitivement une économie qui agonise.
Le dinar, à 2,150 contre 1 euro, est au plus bas. L’inflation à plus de 6% rogne le pouvoir d’achat. Le déficit commercial, à plus de 5 milliards de dinars, est éprouvant pour la balance des paiements. Le déficit budgétaire voisin de 7% du PIB et l’encours de la dette à plus de 50% du PIB ne laissent pas une grande marge de manœuvre.
Seul contre les composantes vives de la nation, le gouvernement se ressaisira-t-il?
L’atteinte au moral des troupes, impardonnable!
L’humiliation de l’armée nationale ne fait que rajouter de l’huile sur le feu. L’appel à l’union sacrée, pour éradiquer le terrorisme, ne trouve pas d’échos, dans l’opinion. Elle n’en fait pas tilt. On y suspecte une manœuvre pour permettre à la Troïka de durer. L’opposition avait prévenu contre le phénomène de propagation du terrorisme. Elle considère que le pays paie le laxisme du Troïka dans le traitement de cette question. C’est son passif à elle et c’est à elle de l’assumer en rendant le tablier.
Quelle voie d’action?
Comment dénouer la situation, à présent que le gouvernement se refuse de partir? Le Front du salut national s’en tient à l’action de désobéissance civile pacifique. Cependant, elle n’en est pas moins agissante. Les coordinations régionales du mouvement partent à l’assaut des centres de pouvoir régionaux et locaux soupçonnés d’allégeance à Ennahdha, en vue de les suppléer. Le gouvernement menace de sévir.
La dynamique de changement n’arrive donc pas à se concrétiser. L’opposition ne se met pas en ligne avec la volonté populaire, car à ce jour, elle n’exprime pas une perspective concrète pour la suite à venir. Entre temps, c’est le pays qui va s’essouffler.
BCE –pour Béji Caïd Essebsi- promet de s’adresser à la nation, ce soir. Gare, ce sera le discours de la dernière chance, avant le chaos. .