Corée du Nord : le casse-tête des monnaies pour les visiteurs

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ée du Nord, le 28 juillet 2013 (Photo : Ed Jones)

[31/07/2013 06:15:12] Pyongyang (AFP) L’argent n’a pas d’odeur, sauf en Corée du Nord où le visiteur reçoit parfois la monnaie de sa pièce sous la forme d’un sachet de thé à la place du won local.

Qu’il s’agisse du yuan chinois, du dollar américain ou de l’euro, la plupart des devises étrangères sont acceptées dans un pays en mal de réserves dont les touristes, quoique peu nombreux, représentent une source importante.

Toute transaction, ici, se fait en monnaie étrangère, pour le visiteur qui ne peut se déplacer qu’avec un accompagnateur et n’a accès qu’à un nombre restreint de magasins.

On peut dépenser dans les grands hôtels et les restaurants de la capitale qui accueillent les étrangers. Ailleurs, cela se révèle souvent compliqué.

Biens et services sont étiquetés en won nord-coréen et il faut donc commencer par effectuer une difficile conversion dans la monnaie de son choix.

Les dollars américains et les euros sont généralement acceptés mais pas forcément disponibles et donc la monnaie est souvent rendue en yuan chinois qui jouit d’une large circulation. Ce qui impose une nouvelle conversion…

Si le restant dû est négligeable, un ou deux sachets de thé remplacent les espèces sonnantes.

Un sachet de thé pour menue monnaie

Le won, lui, demeure invisible.

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ée du Nord, le 28 juillet 2013 (Photo : Ed Jones)

L’économie de la Corée du Nord est exsangue, après des décennies de mauvaise gestion, de catastrophes naturelles et de sanctions internationales.

A part Pyongyang, la capitale où habitent les élites, la population vit dans la pauvreté, et la pénurie alimentaire touche les deux tiers des 24 millions de Nord-Coréens, selon les Nations unies.

Les estimations varient quant à la quantité de wons en circulation. Selon des experts sud-coréens, elle pourrait se situer autour de 2 milliards de dollars (1,5 milliard d’euros) pour un Revenu national brut (RNB) évalué à 30 milliards, soit 2,6% du RNI sud-coréen.

La confiance des Nord-Coréens dans leur monnaie s’est effondrée en 2009 lorsque le pouvoir a procédé à une réévaluation ruineuse destinée à lutter contre l’émergence de marchés privés perçus d’un mauvais oeil à Pyongyang.

Mais la popularité des devises étrangères n’effraye pas moins le régime communiste en ce qu’elles peuvent alimenter, elles aussi, des marchés parallèles échappant à son contrôle.

L’argent en poche, il reste à savoir où aller le dépenser: les visiteurs étrangers sont suivis par des agents du gouvernement avec qui il faut âprement négocier pour dévier de l’itinéraire convenu.

En cas d’efforts payants, un taxi vous amène –avec votre ange gardien– dans un magasin… pour étrangers de passage où le Nord-Coréen moyen ne met jamais les pieds.

Au Rak Won, contigu à l’agence de la compagnie aérienne nationale Koryo Air, le personnel surpasse en nombre les consommateurs.

Les étals clairsemés sur deux étages vont des sucreries chinoises bon marché aux produits de luxe comme des alcools importés ou d’improbables couteaux de cuisine allemands Wusthof.

Les prix sont prohibitifs pour les Nord-Coréens et l’indifférence du personnel à l’arrivée d’une équipe de journalistes étrangers avec appareils photo et caméras vidéo suggère que les consommateurs de passage ne sont pas une exception.

Un nouveau bras de fer avec l’accompagnateur le convainc de faire un détour par une autre enseigne, le Kwang Bok, un centre commercial nettement plus populaire où des escaliers mécaniques vous transportent sur trois étages autour d’un atrium pavoisé de drapeaux aux couleurs nationales.

Après quelques palabres, le gérant du magasin inquiet accepte la présence des journalistes.

Le magasin est rempli de consommateurs du dimanche venus déguster en couple ou en famille canard, crabe et poisson.

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ée du Nord, le 28 juillet 2013 (Photo : Ed Jones)

Il y a foule au comptoir pour un verre de bière ou de liqueur coréenne, le “soju”. A la caisse, un homme est assis sous un écran de télévision diffusant un film de guerre nord-coréen.

Au troisième étage, un espace de jeu pour enfants est orné de plinthes illustrées de scènes de guerre où les soldats côtoient chars et avions de combat.