Siemens dans l’attente d’un nouveau patron

6c1e96af960bd94b7e557e9748abb5c12414e47f.jpg
à Berlin, en Allemagne (Photo : Michele Tantussi)

[31/07/2013 08:22:55] Berlin (AFP) Siemens doit connaître mercredi le nom de son nouveau patron, le directeur financier Joe Kaeser faisant figure de grand favori, sur fond d’échos de guerre de personnes à la tête du conglomérat industriel fragilisé.

A coups de communication lapidaires -quatre lignes pour un avertissement sur résultat, à peine autant pour le limogeage à venir du patron actuel Peter Löscher-, le conglomérat industriel de Munich (sud) a fait naître en moins d’une semaine de nombreuses interrogations.

Depuis l’annonce samedi soir du départ anticipé de Peter Löscher, qui doit être entériné mercredi, la presse allemande est remplie des dissensions dans le groupe, notamment la lutte de pouvoir qui opposerait le président du conseil de surveillance Gerhard Cromme, indéboulonnable figure de l’industrie allemande, et l’ancien patron de Deutsche Bank, Josef Ackermann, numéro deux du conseil qui freinerait la nomination de Joe Kaeser.

Même la chancelière allemande Angela Merkel, via son porte-parole, s’est exprimée, rappelant que Siemens était un “porte-drapeau de l’économie allemande” et qu’en conséquence, “il était important” qu’il navigue “de nouveau sur des eaux calmes”.

Sans la moindre nuance de conditionnel, Siemens a annoncé samedi que, lors de sa réunion du 31 juillet, prévue pour valider les comptes trimestriels publiés jeudi matin, le conseil de surveillance “décidera de la nomination d’un membre du directoire” comme nouveau patron, quatre ans avant la fin du contrat de Peter Löscher .

“Bienveillance des investisseurs”

Arrivé en 2007 du laboratoire américain Merck, ce dernier accumulait les critiques, entre résultats financiers décevants, stratégie trop floue et ratés industriels, comme le retard de plusieurs années de livraison pour des trains à grande vitesse commandés par la Deutsche Bahn et le laborieux raccordement au réseau des éoliennes off-shore de mer du Nord.

4850e7ffa6cb9ec34e36726cebab765bb63f5b2b.jpg
Le directeur financier de Siemens, Joe Kaeser, en janvier 2013 (Photo : Christof Stache)

Pour cet Autrichien de 55 ans, le coup de grâce a été l’avertissement financier lancé jeudi, qui a créé surprise et incompréhension chez les investisseurs. “On ne se souvient pas avoir vu un avertissement sur résultats plus bref”, relèvent les analystes de Deutsche Bank. Le groupe y a déclaré ne plus s’attendre “à atteindre une marge de résultat d’au moins 12% pour l’exercice fiscal 2014”. En cause, “des prévisions de marché plus faibles”. Mais Siemens est présent sur de multiples et variés marchés, donc desquels s’agit-il ? s’interrogent les analystes de Deutsche Bank.

Surtout Siemens renonce subitement à l’un des principaux buts visés par le vaste plan d’économies de 6 milliards d’euros lancé à l’automne pour deux ans.

Cette nouvelle déconvenue financière a terminé de retourner contre Peter Löscher Gerhard Cromme, qui l’avait pourtant recruté en externe avec l’idée de faire table rase d’un passé marqué par une retentissante affaire de corruption.

Les regards sont désormais tournés vers Joe Kaeser, directeur financier du groupe, qui fait figure de grand favori pour succéder à Peter Löscher.

“Joe Kaeser apparaît comme la nomination la plus probable”, estiment les analystes de Citi.

A son actif, il a une connaissance approfondie du groupe, où il a fait l’intégralité de sa carrière, et l’écoute bienveillante des investisseurs. En revanche, en tant que responsable des finances du groupe depuis 2006, il porte aussi une responsabilité dans l’élaboration du plan de restructuration chancelant.

Toutefois, ce changement est perçu d’un oeil bienveillant. “Les changements de direction chez Siemens sont souvent associés avec des périodes de forte performance de l’action”, rappellent les analystes de Bank of America-Merrill Lynch. D’ailleurs depuis le début de la semaine, le titre a déjà repris pas loin de 4% à la Bourse de Francfort.

Il reste aussi à M. Kaeser, 56 ans, à fédérer les quelques 370.000 employés de Siemens éprouvés par les récents échecs du groupe et les milliers de postes supprimés à droite à gauche. Le conseil de surveillance est constitué pour moitié de représentants du personnel.