En cette période estivale et ramadanesque, période de démobilisation par excellence en Tunisie, les terroristes, couverts et protégés par des parties au pouvoir, se délectent non seulement à terroriser la population mais surtout à attaquer et à humilier les seules institutions républicaines sensées le protéger, en l’occurrence les forces de sécurité (armée, police, gendarmerie).
Pour ne citer que les actes les plus récents, des terroristes ont tendu un guet-apens à une troupe de commandos au mont Chaambi et en ont massacré, de la manière la plus sauvage et la plus inhumaine, 9 éléments dont certains ont été froidement égorgés. Ce massacre a secoué fortement les Tunisiens. C’est hélas l’apprentissage par le choc. Cette opération serait, selon certains analystes, destinée à humilier l’armée et à faire désespérer les Tunisiens de sa capacité de les protéger et de les défendre.
Trois jours auparavant, le député Mohamed Brahmi avait été assassiné, en plein jour, de 14 balles provenant de la même armée utilisée pour tuer le leader Chokri Belaid en février dernier. L’objectif était également clair: narguer la police, l’humilier et lui rappeler son impuissance.
La gendarmerie n’a pas échappé à l’humiliation. Les terroristes et leurs protecteurs ont osé la défier sur son propre terrain en minant, en plein jour, ses véhicules, une première fois, devant un de ses postes, plus exactement à La Goulette (banlieue nord de Tunis), et une deuxième fois (le mercredi 31 juillet) à la cité M’hamdia, c’est-à-dire en pleine cité urbaine.
Conséquence: le terrorisme est désormais une composante de la vie quotidienne du Tunisien.
L’objectif est des plus clairs. Les terroristes et leurs maîtres visent à démoraliser les forces de sécurité et à faire peur à la population. Il semble qu’ils aient atteint leur but.
Deux questions se posent dès lors: Qui a intérêt à ce que ces forces soient fragilisées et déstructurées? S’agit-il d’une manœuvre visant à montrer à l’armée qu’elle est incapable de reproduire, ici en Tunisie, le scénario égyptien?
A la première question, des experts en sécurité globale, dont Noureddine Ennaifer, estiment que les terroristes ne sont pas venus de la planète Mars. Ils ont été créés de toute pièce par des gourous et prédicateurs tunisiens.
Rached Ghannouchi est, particulièrement, désigné du doigt en ce sens où il avait appelé, dans une vidéo rendue publique, ses troupes et les salafistes à infiltrer l’armée, la police et la presse qui ne seraient pas acquises, selon lui, à la mouvance islamique dans le pays.
De l’avis des observateurs, depuis l’avènement de cette vidéo (avril 2012), tout un processus a été engagé pour affaiblir, avec la complicité d’une justice instrumentalisée, à affaiblir les forces de sécurité.
Ainsi, l’armée, déjà sous-équipée, s’est vue, durant trois ans, affectée à la faveur de la reconduction abusive par le président provisoire, Moncef Marzouki, de l’Etat d’urgence et son affectation dans des tâches qui ne sont pas les siennes: gardiennage des entreprises et répression des manifestations comme cela a été le cas ces jours-ci devant le siège de l’Assemblée nationale constituante (ANC), et ce conformément aux ordres du président provisoire.
Moralité: l’armée, éreintée et fatiguée, a perdu de son opérationnalité et de sa vigilance aux frontières.
La police à son tour a fait l’objet de toute une action de déstructuration avec la complicité d’une justice aux ordres des nahdhaouis au pouvoir, une justice qui s’est montrée trop clémente avec des terroristes notoires (condamnation soit avec sursis, soit à des peines peu adaptées à la gravité du délit -cas des salafistes impliqués dans l’assaut contre l’ambassade des Etats-Unis à Tunis-, soit tout simplement amnistiés…).
Pis, la police a été infiltrée. Les syndicats de police en ont fait état en rendant publique la liste des taupes et des hauts cadres impliqués. Tous les Tunisiens sont persuadés de l’existence d’une police parallèle qui couvre les terroristes et obéirait aux ordres de Montplaisir (siège du parti Ennahdha).
Une autre question mérite d’être posée ici: comment faire face à ce travail de déstructuration systématique et qui doit en assumer la responsabilité?
S’agissant de la responsabilité, le gouvernement en place et le parti Ennahdha, avec leur laxisme à l’endroit des salafistes djihadistes et des appels aux meurtres lancés par les prédicateurs des mosquées. Ils ont préparé le terrain au terrorisme.
Vu sous cet angle, les détenteurs du pouvoir ont trahi la patrie, et au regard des dégâts occasionnés, devront, un jour et en tout logique politique, traduits en justice pour haute trahison. Le principe étant «les tueurs et ceux qui appellent aux meurtres sont tous des terroristes et des ennemis de la patrie».
Pour le moment, ces terroristes et leurs idéologues ont marqué quelques points et remporté quelques batailles. Ils ont, peut-être, réussi à faire peur à la population. Ils ont peut-être réussi à humilier nos forces de sécurité. Mais, handicapés par leur inculture et leur méconnaissance de l’Histoire, ils omettent deux choses.
Premièrement, le terrorisme n’a jamais triomphé nulle part. Deuxièmement, pour reprendre une expression du célèbre musicologue et hauboïste français, Jean Claude Magloire: «pour faire un homme, il faut l’humilier». Le reste on le saura …