Grèce : le FMI appelle la zone euro à viabiliser la dette

2b730feb8a060c2def9d96b829e43eb17450544b.jpg
ée de grève générale (Photo : Aris Messinis)

[31/07/2013 17:12:43] ATHENES (Grèce) (AFP) Le FMI s’est inquiété mercredi de la viabilité à terme de la dette grecque, en appelant la zone euro à de nouvelles mesures pour combler un trou de financement de 11 milliards d’euros en 2014-2015, afin que la dette redescende comme prévu à 124% du PIB en 2020.

“Après un point culminant de 176% du PIB cette année (2013), la dette devrait décliner à 124% en 2020 après des mesures additionnelles et adaptées par les partenaires européens de la Grèce, représentant environ 4% du PIB , qui seront déterminées en 2014-2015”, déclare le FMI dans son rapport.

Ce rapport fait suite à celui de la zone euro, partenaire au sein de la “troïka” des bailleurs de fonds internationaux de la Grèce (UE-FMI-BCE), publié il y a juste deux jours.

“Les inquiétudes sur la viabilité de la dette continuent de constituer un risque”, souligne ce rapport publié à l’issue de la quatrième mission d’audit trimestrielle des comptes du pays, menée avec l’UE et la BCE fin juin-début juillet sur fonds de crise politique dans le pays en dépression aggravée.

Le FMI salue les progrès et les “réussites” du régime minceur drastique appliqué à la Grèce depuis 2010, en notant que l’économie du pays –qui affichait les déficits les plus élevés de la zone euro (budgétaire et commercial) au début de la crise– est en voie de “rééquilibrage”, et “même en passe de réaliser un excédent budgétaire primaire”.

Le FMI, qui a donné lundi son feu vert au déblocage d’une nouvelle tranche d’aide à la Grèce, de 1,72 milliard d’euros, signale un trou de financement du pays après juillet 2014, qui devra être comblé. Selon ses tableaux, l’ardoise s’élève à près de 11 milliards d’euros: 4,4 mds en 2014 et 6,5 en 2015.

Or, le programme d’assistance financière internationale à la Grèce qui a permis au pays de recevoir, pour sa deuxième tranche d’aide, quelque 133,04 milliards d’euros de la zone euro (sur 144,6 mds promis dont quatre milliards versés mercredi) et 8,24 mds du FMI, s’étend jusqu’en juillet 2014.

Ce qui augure de nouvelles négociations entre la Grèce et ses bailleurs de fonds internationaux. Le ministre des Finances Yannis Stournaras a déjà indiqué dimanche dans la presse que les discussions prévues avec la troïka en septembre seraient probablement “difficiles”.

D’autant qu’elles se tiendront à partir du 29 septembre, selon le rapport du FMI, soit une semaine après les élections allemandes cruciales du 22 septembre où Mme Merkel joue sa réelection notamment sur sa stratégie en Grèce.

Côté macro-économie, le Fonds regrette dans son rapport que le processus d’assainissement budgétaire se fasse “par la récession”, avec une chute cumulée du PIB “de près de 25% depuis son pic de 2007”, et non par des “réformes structurelles d’amélioration de la productivité”, ajoute le rapport.

Il cite des “insuffisances notables” dans trois domaines: la réforme administrative, la gestion des revenus (réforme fiscale) et les privatisations.

Le FMI donne dans le détail la foule de réformes qui restent à mener pour continuer de remplir les caisses de l’Etat et respecter le memorandum qui lie le pays à ses créanciers, allant de l’avancement d’un mois -au 1er août- de la mise en place d’une taxe sur les parkings de bateaux de loisirs, à la création d’une nouvelle taxe foncière, qui devrait remplacer en 2014 la très décriée taxe perçue via les factures d’électricité (qui touchait 5,6 millions de contribuables) et une autre taxe spéciale sur le patrimoine (FAP) qui touchait 730.000 contribuables.

Pour la dette, qui doit culminer en 2013 et amorcer un “déclin soutenu” en 2015, trois risques sont pointés: un “déficit des comptes courant plus important que prévu” (qui ferait fondre le PIB et donc augmenter encore le ratio dette/PIB, l’indicateur le plus regardé depuis le début de la crise de la dette en zone euro, NDLR), un “choc déflationniste”, et un “déraillement du programme de privatisations”, dont le résultat est affecté à la réduction de l’endettement.

Le FMI se félicite du processus de recapitalisation des banques, avec une participation plus importante que prévue du secteur privé (3,1 mds d’euros) qui a permis à trois banques sur quatre de rester indépendantes.

Mais il exprime ses inquiétudes sur le “nettoyage” nécessaire et des “défis” auxquels sont confrontées les banques pour gérer leurs porte-feuilles de prêts non performants (encombrement judiciaire, morcellement du marché immobilier, manque de ressources humaines administratives dans les banques…).

Le Fonds s’inquiète aussi de la création d’une banque destinée au financement des PME, promue par l’Allemagne, un modèle, qui, par le passé en Grèce, a contribué à augmenter les déficits publics, estime le Fonds.