Schneider s’offre le britannique Invensys

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ée générale des actionnaires du groupe à la Défense, le 25 avril 2013

[31/07/2013 18:04:02] Paris (AFP) Le géant français du matériel électrique Schneider Electric va lancer une offre d’achat amicale sur le groupe britannique d’ingénierie Invensys pour environ 3,4 milliards de livres (3,9 milliards d’euros), ont annoncé mercredi les deux entreprises.

Il s’agit de la plus grosse acquisition pour le groupe français depuis celle de l’américain APC en 2007.

Le patron de Schneider, Jean-Pascal Tricoire, a salué une acquisition “structurante” pour son groupe, lors d’une conférence de presse. “Nous sommes voisins dans le secteur, et très complémentaires”, a-t-il fait valoir.

Invensys, qui emploie 16.500 personnes pour un chiffre d’affaires de 1,8 milliard de livres en 2012, est principalement un spécialiste des automatismes. Mais il a également une importante activité en croissance de logiciels industriels, et produit aussi des composants de programmation pour l’électroménager et de contrôle d’appareils énergétiques.

Les conseils d’administration de Schneider et d’Invensys ont annoncé mercredi matin s’être mis d’accord sur une offre à 502 pence par action, valorisant l’entreprise britannique un peu en dessous de 3,9 milliards d’euros.

Ce financement se fera “à hauteur de 2,9 milliards d?euros en numéraire et à hauteur de 1 milliard d?euros en nouvelles actions Schneider Electric”, a précisé le groupe français.

L’offre se divise en effet pour chaque action Invensys entre 372 pence en numéraire plus environ 0,026 action Schneider, ce qui offrira aux actionnaires du groupe britannique environ 3% de Schneider.

Importantes synergies à la clé

Le groupe français s’attend à d’importantes synergies du fait de l’acquisition, a détaillé son directeur financier Emmanuel Babeau: une hausse supplémentaire de 400 millions d’euros du chiffre d’affaires offrant un bonus de 65 millions d’euros au niveau de l’excédent brut d’exploitation (Ebita) d’ici à 2018, des économies de coûts de l’ordre de 140 millions en 2016 ainsi que des économies d’impôts de 400 millions de livres.

Quant à d’éventuelles suppressions d’emplois, fréquentes après des fusions, “il est vraiment trop tôt pour le dire”, a affirmé M. Babeau. “Il y a beaucoup, beaucoup d’économies” qui seront faites avec le seul rapprochement des deux groupes, a-t-il fait valoir.

Invensys avait vendu la mèche de cette grosse acquisition le 11 juillet en indiquant avoir reçu une offre non engageante à 505 pence par action de la part de Schneider. Ce dernier avait un mois pour annoncer une offre ferme.

L’offre, qui représente une prime de 14% par rapport au cours d’Invensys avant la révélation de cette approche, sera soumise au vote des actionnaires d’Invensys. Le plan sera présenté “en août ou septembre”, selon M. Babeau.

Cette acquisition, si elle est couronnée de succès, permettra à Schneider de mettre un pied sur des marchés où il est peu présent actuellement.

La division industrie de Schneider passera à un chiffre d’affaires de 4,5 à 6,0 milliards d’euros avec une proportion de logiciels et de services passant de 24 à 40%.

Même s’il est britannique, Invensys (né de la fusion des anglais Siebe et BTR en 1999) est aussi très présent en Amérique du Nord, ce qui permettra à Schneider d’accroître encore son internationalisation.

Fournisseur notamment des industries pétrolière, chimique, minière et pharmaceutique, ses principaux concurrents sont le suisse ABB, les américains Emerson et Honeywell et l’allemand Siemens.

La perspective d’une contre-offre apparaît actuellement peu probable: le titre Invensys valait 502 pence mercredi à la Bourse de Londres, sans spéculation donc sur un relèvement ou une surenchère.

A Paris, l’action de Schneider, qui a par ailleurs annoncé des résultats financiers conformes aux attentes au premier semestre (bénéfice net en baisse de 5% et chiffre d’affaires stable) et confirmé ses objectifs mercredi, gagnait elle 4,14% à 60,44 euros en fin de matinée.

Cette acquisition expose néanmoins Schneider à une dégradation par les agences de notation, le groupe étant prêt à encaisser une baisse d’un cran “temporaire” de sa note, selon M. Babeau.

L’impact de l’acquisition sur la dette de Schneider devrait avoisiner les 2 milliards d’euros, selon lui.

Outre APC en 2007, Schneider a considérablement grossi ces dernières années en mettant la main sur les activités de distribution électrique d’Areva en 2010 ou encore sur l’espagnol Tevent en 2011, devenant un poids lourd du CAC 40.