à Edward Snowden et contre la NSA, à Berlin le 27 juillet 2013 (Photo : John MacDougall) |
[31/07/2013 21:42:33] Washington (AFP) Confrontée à une pression croissante du Congrès depuis les révélations d’Edward Snowden, la Direction américaine du renseignement (ODNI) a déclassifié mercredi des documents secrets, mais doit faire face à de nouvelles révélations montrant l’étendue des programmes de surveillance de la NSA.
En rendant publics quelques documents peu avant une audition de responsables de la Justice et du Renseignement devant la commission judiciaire du Sénat, son directeur James Clapper affirme agir dans “l’intérêt d’une transparence accrue”, justifie l’ODNI dans un communiqué, jouant le jeu de la transparence près de deux mois après le début de la tempête provoquée par l’ancien consultant de la NSA, Edward Snowden.
L’un des documents est l’autorisation de la Cour de surveillance du renseignement étranger (FISC) délivrée le 25 avril 2013 et obligeant l’opérateur téléphonique Verizon à livrer chaque jour pendant trois mois l’ensemble des métadonnées (numéro appelé, durée des appels) à la NSA. C’est en révélant l’existence de ce document le 5 juin dans le Guardian que Snowden s’est fait connaître.
Un autre document déclassifié date de 2011 et présente ces programmes de surveillance dans une sorte de plaidoyer pour le renouvellement de leur autorisation. Le programme de collecte des métadonnées a été renouvelé jusqu’en 2015.
Lors de l’audition mercredi matin devant la commission sénatoriale, le numéro deux du département de la Justice, James Cole, s’y est référé pour expliquer ce que le gouvernement faisait de cette collecte massive.
XKeyscore
Il a ainsi plaidé que “le gouvernement pouvait rechercher les données seulement s’il avait une suspicion argumentée que le numéro de téléphone recherché était associé avec certaines organisations terroristes”.
“Cela doit être documenté. Si ça ne l’est pas, vous ne pouvez y accéder”, a-t-il ajouté. En 2012, sur les milliards de données stockées, des recherches n’ont été effectuées que sur “300 identifiants uniques” qui ont abouti à 12 rapports au FBI.
Mais, une nouvelle révélation mercredi du Guardian risque d’apporter de l’eau au moulin des Américains et de leurs représentants qui critiquent l’omnipotence des services de renseignement.
Citant des documents fournis par Snowden, le quotidien britannique affirme qu’un programme secret de la NSA, baptisé XKeyscore, permet de surveiller “à peu près tout ce qu’un utilisateur lambda” fait sur le réseau. XKeyscore permet ainsi de surveiller en temps réel les courriels, les recherches ou l’utilisation des réseaux communautaires effectuée par une cible donnée.
Le programme repose sur l’utilisation de quelque 500 serveurs disséminés dans le monde, y compris en Russie, en Chine ou au Venezuela.
Contrairement aux autres systèmes de surveillance dont l’existence a déjà été révélée, il offre la possibilité de travailler sans connaître un identifiant “fort” d’une cible, son adresse mail par exemple. XKeyscore permet par exemple de remonter jusqu’à une personne à partir d’une simple recherche effectuée sur internet. Selon les documents, le logiciel a permis aux agents américains de capturer “plus de 300 terroristes”, affirme le Guardian.
ès de Rosenheim, en Allemagne, le 16 juillet 2013 (Photo : Christof Stache) |
Sans commenter sur le fond ces nouvelles révélations, le porte-parole de la Maison Blanche Jay Carney a assuré que “les affirmations selon lesquelles il existe un accès étendu et sans limites aux données de la NSA (…) sont fausses”.
“L’accès à tous les outils d’analyse de la NSA est limité aux employés qui le demandent pour les tâches qui leur sont confiées”, a-t-il ajouté.
De leur côté, les sénateurs n’ont pas interrogé leurs témoins sur ces nouvelles révélations. Le président de la commission, le démocrate Patrick Leahy, a toutefois rappelé le besoin d’avoir des “réponses directes” aux questions des élus.
La Chambre des représentants a la semaine passée déjà envoyé un premier coup de semonce en rejetant à quelques voix près une proposition visant à réduire les fonds alloués aux programmes d’espionnage, notamment de collecte des métadonnées.