Loi de programmation militaire : l’Etat achètera moins de Rafale

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ée à la sortie du conseil des ministres (Photo : Martin Bureau)

[02/08/2013 08:14:27] Paris (AFP) L’Etat prévoit de ralentir fortement les commandes d’avions de combat Rafale, illustration des efforts demandés aux industriels dans le projet de loi de programmation militaire 2014-2019 présenté vendredi.

Alors que Dassault Aviation avait obtenu de livrer 11 Rafale par an pour garantir une cadence minimale de la chaîne de production en attendant les premiers contrats à l’export, le projet de loi présenté en Conseil des ministres ne prévoit plus que l’acquisition de 26 appareils au total sur les six ans à venir.

Le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, avait déjà indiqué le 11 juin qu’à partir de 2016, Dassault devrait compter sur les exportations pour soutenir la production de l’avion multirôle.

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éfilé du 14 juillet 2012 (Photo : Boris Horvat)

Paris considère que les négociations avec l’Inde pour l’achat de 126 Rafale sont suffisamment avancées pour être conclues rapidement, explique-t-on dans l’entourage du ministre. “Je suis très confiant”, avait dit Jean-Yves Le Drian en visite il y a une semaine en Inde. Et la loi, ajoute-t-on dans son entourage, est bâtie sur l’hypothèse qu’un second au moins des autres prospects – Malaisie, Qatar, Emirats Arabes Unis et Brésil – qui se sera décidé pour l’appareil français avant la fin 2019.

L’Etat ne remet pas en question les commandes totales de 180 Rafale déjà passées (120 auront été livrés cet été) ni une éventuelle cinquième tranche de commandes, a précisé un conseiller de M. Le Drian. Il a fait valoir que les bureaux d’étude de Dassault recevraient pendant cette période des centaines de millions d’euros pour concevoir un drone de combat à l’horizon 2030, en coopération avec le britannique BAE Systems, et pour faire évoluer le Rafale au prochain standard, baptisé F3-R.

Car l’objectif du ministère est de préserver neuf secteurs industriels majeurs, qui vont de l’aéronautique aux communications en passant par les sous-marins. Mais pour ce faire toutes les commandes seront étalées dans le temps.

Ainsi, la LPM prévoit l’acquisition d’une douzaine d’avions ravitailleurs multirôles (MRTT) fabriqués par Airbus Military, mais seuls deux seront livrés sur cette période, en 2017 et 2018, a-t-on précisé au ministère.

26 drones supplémentaires

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Un Airbus A400 M le 21 juin 2013 au Salon international du Bourget (Photo : Eric Piermont)

Les besoins en avions de transport militaire A400M semblent plus pressants puisque 15 appareils seront livrés pendant la LPM, sur la cinquantaine qui devrait être commandée.

23 milliards sur six ans pour la dissuasion nucléaire

Le projet de loi prévoit le renouvellement du parc de blindés de l’armée de terre (programme Scorpion). Mais sur les 2.080 véhicules blindés multirôles qui doivent être commandés, seuls une centaine sera livrée avant la fin de la période, précise-t-on au ministère. 248 blindés de reconnaissance sont toujours prévus pour remplacer les Sagaie et les AMX-10RC de la cavalerie.

Le renforcement des moyens de renseignement étant une priorité, “nous n’avons pas l’intention de retarder” l’entrée en service des nouveaux satellites, indique-t-on au ministère. Les satellites de surveillance optique du programme MUSIS sont attendus à l’horizon 2017, et trois satellites CERES d’interception électronique doivent être mis en orbite en 2020.

Les drones sont tout aussi prioritaires. La LPM prévoit l’acquisition de 14 drones tactiques, pour l’observation du théâtre d’opération, et de 12 drones MALE (moyenne altitude, longue endurance) qui permettent de surveiller de vastes zones pendant 24 heures. M. Le Drian a déjà annoncé qu’il achèterait des drones Reaper à l’américain General Atomics. Mais les industriels européens pourront “adapter les instruments de navigation et de liaison satellite aux moyens français” et d’autre part fournir “les capteurs optiques et d’écoute électronique”, souligne-t-on au ministère.

A plus long terme, les industriels du secteur, qui se sont dits prêts à travailler ensemble sur un programme de drone MALE européen, pourront faire des propositions pour un drone livrable à partir de 2023, ajoute-t-on.