Le
marché change et le package de l’offre touristique doit s’aligner. Des pistes
concrètes autour d’idées pratiques peuvent être immédiatement intégrées au plan
d’action du secteur au bénéfice de toute la chaîne de valeur et de l’ensemble
des stakeholders dont, naturellement, les hôteliers et sans exclure les TO ni
les transporteurs aériens. Tous trois ont partie liée avec le secteur.
En ce moment où le secteur est très exposé et pourrait subir le contrecoup de
toutes les péripéties pénibles que traverse le pays, nous prenons l’initiative
de recenser une série de réflexions débattues tout le long de ce premier
semestre. Toutes étaient exprimées lors de manifestations publiques, à savoir
séminaires et forums à audience locale ou internationale. La plupart émanent de
professionnels locaux et étrangers qui exercent sur la destination Tunisie et
qui ont à voir de près ou de loin avec le niveau d’activité du tourisme
national.
Ces réflexions méritent d’être intégrées dans l’effort de prospective régulier
autour d’une meilleure performance du secteur.
Les TO peuvent-ils être doublés par Google?
Une vieille animosité empoisonne les rapports entre hôteliers et TO. L’idée que
les TO vampirisent le tourisme est assez répandue. Pourtant, les TO jurent leurs
grands dieux qu’ils n’ont pas tout le pouvoir qu’on leur prête. A titre
d’exemple, les TO des marchés émetteurs proches, telles l’Italie et la France,
avouent qu’ils sont très dépendants de la destination Tunisie. Ils se trouvent
dans l’incapacité de déclasser la destination tunisienne car cela restreindrait
leur offre. Aussi, ils se trouvent contraints et forcés à continuer à proposer
la Tunisie malgré le risque de perte qu’ils encourent.
Les TO français annoncent une perte de 120 millions d’euros sur l’année 2012.
Ils préviennent que toutes les sirènes qui annoncent la fin de la suprématie
commerciale relèvent de l’intox. Beaucoup soutiennent que Google va happer tout
le marché des réservations et de la distribution. Mais c’est ignorer que les TO
sont connectés sur l’aérien et l’hôtelier.
Google joue un rôle limité car il offre un simple canal de réservation mais
qu’il n’est pas producteur d’offre touristique globale. Les TO resteront la
pièce maitresse du business. Il faut les écouter, et ce qu’ils proposent ne
manque pas de pertinence commerciale quand bien même ce ne sont que quelques
petites astuces pour doper le business. Mais leurs recommandations sur la
nécessité de retoucher les tarifs du transport aérien, la durée des séjours,
ainsi que le menu des prestations et enfin la tarification sont à prendre en
considération.
L’offre aérienne sur la Tunisie n’est pas compétitive
Les TO ne voudraient pas continuer à perdre de l’argent sur notre destination et
appellent à ce que l’on active l’avènement de l’Open sky. Il y va de l’intérêt
bien compris des deux parties.
A l’heure actuelle, préviennent-ils, un billet sec pour Tunis revient aussi cher
qu’un billet pour Dubaï. De nos jours, l’offre dépackagée est bien ancrée sur le
marché et il faut nécessairement en tenir compte. L’Open sky a bouleversé la
donne et des touristes veulent se rendre en Tunisie, hors les circuits aériens
proposés par les TO. Il faut leur donner satisfaction car c’est autant de
business qui resterait captif sur la destination
Les nouvelles tendances
Par ailleurs, les TO insistent pour rappeler que de nouveaux segments sont
apparus et qu’en conséquence il faut leur dédier des produits ciblés. Il en est
ainsi des familles monoparentales et des enfants voyageant en groupe. Ces
derniers traquent des courts séjours et/ou des programmes d’évasion et de
divertissement bien précis. Les prestations doivent suivre. Et, la tarification
aussi.
Promotion touristique : communiquer sur le changement de paradigme
Nous nous disons qu’à un moment ou à un a autre, il faudra dissiper les
retombées fâcheuses que le secteur a essuyées. Il faudra se remettre à
communiquer pour replâtrer l’image de la destination. Il serait bien qu’à
l’occasion, on intègre à notre plan Com’ ces nouvelles données. C’est bien de
secouer les stéréotypes et de rafraîchir, chaque fois que de besoin,
l’individualité du tourisme national. On parviendrait de la sorte à dissiper les
deux malédictions du secteur, à savoir la dominance du balnéaire -qui donne un
air figé et sclérosé à notre tourisme; la seconde est que le secteur est corseté
dans l’all inclusive, qui s’assortit avec le tourisme de ménage. Les nouveaux
clients voudraient trouver des offres de divertissement et d’évasion propres et
alléchantes. Elles existent. Il suffit de le faire savoir. C’est cela la
réactivité, au concret.