Sony refuse de scinder ses activités médias

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Le logo de Sony (Photo : Kazuhiro Nogi)

[06/08/2013 05:49:55] Tokyo (AFP) Le géant japonais Sony a catégoriquement refusé mardi la demande de Third Point de mettre en Bourse une partie de ses activités médias, renvoyant dans les cordes Daniel Loeb, le turbulent dirigeant du fonds d’investissement américain.

“Le conseil d’administration de Sony a conclu à l’unanimité que continuer avec 100% de nos activités dans le divertissement est le meilleur chemin et constitue un pilier de la stratégie de Sony”, a écrit le PDG du groupe, Kazuo Hirai, dans une lettre à Daniel Loeb rendue publique.

M. Loeb claironne depuis des semaines que son fonds est récemment devenu le premier actionnaire de Sony, avec 6,9% des actions, ce que le groupe japonais n’a pas confirmé.

Ce milliardaire considéré comme un investisseur “activiste” menait une vigoureuse campagne pour pousser Sony à placer en Bourse, dans une entité capitalistique séparée, 15 à 20% de Sony Entertainment.

Cette division regroupe les contenus audiovisuels et médias: banque de films de cinéma, séries télévisées, musique enregistrée, participations dans des chaînes.

D’après M. Loeb, cette introduction sur le marché devait permettre de nommer une direction plus inventive et capable de générer de meilleurs rendements.

Mais M. Hirai a fermé la porte: ces activités “font partie intégrante de la stratégie” du groupe dont elles constituent “un important vecteur de croissance”.

“Nous pensons que notre stratégie permettra de générer de fortes croissance et rentabilité”, a détaillé le PDG, donnant comme exemple “un investissement résolu dans la production télévisuelle” qui a permis la sortie de 15 nouvelles séries aux Etats-Unis cette année, un record pour le groupe.

Le fonds de M. Loeb avait haussé le ton ces derniers jours, après que la direction de Sony eut évoqué la proposition de Third Point devant plus de 10.000 actionnaires dans un grand hôtel de Tokyo… et différé sa réponse.

Sony Entertainment est “mal gérée, avec une structure de direction fameusement pléthorique, de généreux avantages en nature, des salaires élevés pour des dirigeants sous-performants, et des budgets publicitaires apparaissant totalement étrangers à toute notion de retour sur investissement”, avait affirmé Third Point dans une lettre aux investisseurs fin juillet.

Un investisseur sans scrupule

Si M. Hirai reconnaît que les marges de son activité de production de cinéma et télévision (Sony Pictures) devraient “être plus élevées”, il répond qu’elles sont “comparables à celles des autres grands studios”, tout comme celles de ses opérations musicales (Sony Music).

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à Sun Valley (Idaho) (Photo : Kevork Djansezian)

A M. Loeb présenté par ses détracteurs comme un investisseur sans scrupule, M. Hirai oppose sa responsabilité de “membre de la famille Sony depuis près de 30 ans”. “Depuis que je suis devenu PDG, nous avons accompli beaucoup de changements et nous sommes encouragés par nos progrès dans le cadre d’une stratégie Sony Uni” (One Sony en anglais, ndlr), assure-t-il.

M. Hirai parie sur les synergies entre les contenus proposés par Sony (films, séries, musique, jeux vidéos) et les produits électroniques grand public dont il reste un fabricant majeur (TV, smartphones, tablettes, etc).

Le groupe est parvenu pour la première fois en cinq ans à dégager un bénéfice net sur l’ensemble de l’exercice d’avril 2012 à mars 2013 grâce à divers changements structurels, mais son activité centrale d’appareils électroniques, dont les TV, est restée dans le rouge.

Les critiques acerbes de M. Loeb à l’encontre des dirigeants de Sony Pictures avait secoué jusqu’au petit monde d’Hollywood, où l’acteur et réalisateur George Clooney, dont le dernier film “The Monuments Men” sera distribué par Sony, avait volé à leur secours.

“J’ai lu beaucoup de choses sur Daniel Loeb, un investisseur qui se décrit comme un militant mais qui ne connaît rien à notre métier et veut couper des têtes à Sony parce que deux films coup sur coup ont moins bien marché que prévu”, avait déclaré l’acteur vendredi au site internet Deadline Hollywood.

L’annonce du rejet de la proposition Third Point pesait sur l’action Sony mardi matin à la Bourse de Tokyo. A la mi-séance, le titre chutait de 5,52%, à 2.019 yens.