Encore une fois, les femmes tunisiennes prouvent qu’elles ne reculeront devant rien pour défendre leurs acquis, la paix, la tolérance, l’ouverture et le progrès dans une Tunisie où elles étaient pionnières tant pour ce qui est des luttes pour l’indépendance que pour le développement socioéconomique du pays.
L’histoire de la Tunisie a été jalonnée d’exploits, de lutte et de combats féminins, d’Elyssa à La Kahena jusqu’à Radhia Haddad, Nfissa Amira et Majida Boulila, en passant par Oroua la Kairouanaise et Aziza Othmana. Et elle n’en finira pas, les milliers de femmes qui ont défilé dimanche 4 août au Bardo et dont l’âge variait de 5 à 90 ans en témoignent. Toutes appelaient à la lutte contre la violence et le terrorisme et assuraient qu’elles termineront leurs combats pour éviter que la Tunisie devienne une théocratie.
«Nous ne lâcherons pas, crie haut et fort une universitaire, qu’on se le tienne pour dit. Nous sommes les héritières d’une grande civilisation où les femmes ont tenu des rôles déterminants dans l’avenir du pays. Nos mères et nos arrières grands-mères ont bataillé pour l’indépendance et ont participé à la libération du pays. Le Code du Statut Personnel n’est pas un cadeau, il est la conséquence des avancées tous azimuts des femmes et à travers tous les âges. Ceux qui comptent nous renvoyer 14 siècles en arrière se trompent de pays et d’histoire. Car en Tunisie, Carthage fut fondée par une femme et défendue à mort par la Kahena cette reine guerrière berbère zénète considérée comme l’une des premières féministes».
Les femmes tunisiennes, qui n’étaient pas encore revenues des mines posées par le bloc majoritaire dans la Constitution pour les réduire à de simples procréatrices et limiter leur participation à la vie publique, ont été effondrées suite aux actes terroristes dont furent victimes les soldats tunisiens.
Les femmes ne lâchent pas prise. Décidées à défendre leurs acquis et à en payer le prix s’il le faut, elles ont scandé «Les femmes libres de Tunisie contre la Violence» et ont condamné les pratiques du parti au pouvoir qu’elles jugent «réactionnaire et indigne de confiance».
La manifestation des femmes du dimanche 4 août était tout vêtue de rouge et blanc, couleurs du drapeau tunisien. Les femmes ont toujours été celles qui transmettent les grandes valeurs morales, l’amour de la patrie, celui d’autrui, et aussi la passion de la résistance et de la lutte contre les injustices. Les Tunisiennes ne font pas exception, et nous en avons eu la preuve par cette démonstration au Bardo. Elles s’étaient unies dans une marche sans couleur politique et sans appartenance partisane, elles visaient toutes un seul but : celui d’une Tunisie souveraine, ouverte, progressiste et pacifique.
Peut-on le leur reprocher?