L’Histoire
retiendra qu’elle est la première présidente du Fonds vert pour le climat, une
émanation de l’ONU. Elle a été l’élue de l’humanité pour sauver l’environnement.
Intronisée “Déesse Nature“, Héla Cheikhrouhou pourra-t-elle dompter les
cataclysmes et surtout discipliner l’industrie afin de la réconcilier avec les
exigences de l’environnement? Aura-t-elle la main verte, pour sauver la planète
bleue?
Elle est enfant prodige de l’IHEC Tunis, dont elle a été lauréate en 1996, de
Citicorp dont elle a dirigé la salle de marché, cénacle du cambisme dans notre
pays et dont le collectif a participé à la mise sur pied du marché interbancaire
de devises, de la Banque mondiale où elle a participé au reengineering de la
prospective économique, et enfin de la BAD, où elle avait pris la tête du
département Energie et Environnement, son dernier poste avant qu’elle soit élue
pour mettre sur pied le Fonds vert pour le climat (FVC).
Dans un premier temps, elle siègera en Allemagne et ensuite elle sera basée à
Séoul en Corée du Sud -siège convenu du FVC. Héla Cheikhrouhou aura des
attributions considérables. Au conseil du Fonds siègeront régulièrement 25 pays,
et les sièges alterneront selon un planning qui sera arrêté par l’ONU.
Elle a récemment organisé un point de presse au siège de la Banque africaine de
développement (BAD), pour évoquer les défis qui l’attendent et de la
problématique générale de son champ d’action.
De la BAD au FVC, quel changement de paradigme?
A la BAD, le mandat du département Energie et Environnement peut se résumer à
trois points essentiels. Développer les énergies -et principalement les énergies
propres-, en réponse à un impératif continental. Lutter contre les effets du
changement climatique, car les pays africains sont démunis, en la matière.
Enfin, diffuser les “best practices“ pour la consommation d’énergie.
Le département a chapeauté de grands chantiers tel celui de la géothermie au
Kenya ou la reforestation en République Démocratique du Congo. Près de 70
projets d’énergie sont, à l’heure actuelle, en cours de réalisation et près de
80 autres, en préparation. Et le travail ne fait que commencer. Tous ces projets
s’intègrent dans des démarches nationales et, par conséquent, sont de petite
échelle, ce qui n’atténue en rien leur importance, précise Héla Cheikhrouhou.
Ils sont donc sur une logique parcellaire loin de la problématique planétaire
qu’il faudra développer, désormais, au FVC.
La menace du réchauffement, l’impératif de coordination planétaire
Les accords de Kyoto, le sommet de la Terre de Rio, les convulsions du round de
Copenhague ont fini par convaincre la communauté internationale de sortir la
lutte contre le changement climatique d’un patchwork de plans d’action nationaux
à une dimension proprement planétaire.
En dehors des grandes puissances polluantes, notamment la Chine et les USA, la
quasi-majorité des pays membres des Nations unies a donc souhaité s’associer
pour convenir d’un plan global pour l’environnement et le climat. Avec cette
extension d’échelle, on pense dégager une réelle synergie. C’est ainsi que dès
2008 est né le Fonds Vert pour le Climat (FVC). Principal interlocuteur, le FVC
servira d’accélérateur et à la fois de levier dans la mise en place de projets
répondant à l’urgence climatique actuelle.
L’institution sera parfaitement fonctionnelle en 2014, croit-on savoir. La
surprise est que des études récentes ont laissé craindre que le réchauffement
climatique menace de se situer à 4°C à l’horizon 2050 au lieu des 2°
initialement calculés. Il y a de quoi détruire une grande partie de la
biodiversité et compromettre rapidement l’existence de l’espèce humaine. Tâche
exaltante à laquelle va s’atteler Héla Cheikhrouhou.