écembre 2011 à New Delhi, avec des billets de roupie indienne (Photo : Sajjad Hussain) |
[16/08/2013 07:38:42] Bombay (AFP) La roupie indienne a atteint vendredi un nouveau record de faiblesse face au dollar américain et la Bourse de Bombay perdait plus de 2,50%, malgré les trains de mesures de la Banque centrale pour soutenir sa devise.
La roupie, qui affiche une des plus fortes baisses des grandes monnaies asiatiques cette année (-13% depuis janvier), est descendue à un nouveau plus bas de 62 roupies pour un USD sur le marché des changes. Son précédent record à la baisse, 61,80 roupies, date du 6 août.
La Bourse de Bombay était également en recul, son indice perdant jusqu’à 2,66% en cours de séance. Les titres des groupes automobiles et des banques cédaient du terrain, dans la crainte d’un départ des capitaux étrangers vers les Etats-Unis, où les indicateurs montrent des signes de nette reprise.
Depuis le 1er juin, les fonds étrangers ont retiré quelque 11,58 milliards de dollars (8,68 milliards d’euros) en actions et titres sur la dette, selon les statistiques officielles, en raison des inquiétudes grandissantes sur la faiblesse de l’économie indienne et la paralysie des réformes.
Pour Param Sarma, responsable du cabinet NSP Forex, “il y a une absence totale de confiance sur les marchés. La crainte est que les mesures de la RBI (la Banque de réserve indienne) ne vont pas pouvoir soutenir la roupie”.
Mercredi encore, la banque centrale a institué un nouveau train de mesures pour contrôler les sorties de devises du pays, afin de réduire le déficit courant et enrayer la dépréciation de la monnaie.
Les entreprises indiennes ne peuvent désormais investir à l’étranger que 100% de leur valeur nette, contre 400% auparavant. Et les Indiens résidant dans leur pays ne pourront plus à l’avenir sortir du pays plus de 75.000 dollars par an, contre 200.000 précédemment (sauf pour les achats immobiliers).
Quelques jours auparavant, le gouvernement avait annoncé des restrictions pour freiner les importations de pétrole et d’or, deux postes qui grèvent le déficit courant du pays.
Le ralentissement de la croissance (à 5% sur l’année budgétaire 2012/13, taux le plus faible depuis dix ans), la faiblesse des exportations, la sortie des capitaux étrangers ainsi que le déficit courant (mesure la plus large des flux commerciaux) sont à l’origine des déboires de la monnaie indienne.
Les investisseurs, étrangers et nationaux, se plaignent aussi, depuis des mois, d’un agenda des réformes à l’arrêt, le gouvernement semblant préférer le statu quo avant les élections générales au printemps 2014.
La demande sur le dollar s’est également accrue dans la perspective d’une politique monétaire américaine moins accommodante au moment où l’économie américaine se reprend, notent les analystes.
Conséquence de la glissade de la roupie, une inflation qui s’accélère. Elle a atteint 5,79% en juillet, sur un an. Pour les seuls produits alimentaires, elle était de 9,74%.
Dans ces conditions, une baisse des taux d’intérêt par la Banque centrale parait peu probable, malgré la volonté du gouvernement de relancer la croissance. Une nouvelle baisse des prix risquerait en effet de peser encore un peu sur la roupie, doper les prix des produits importés et gonfler l’inflation, notent les économistes.