La Russie nie toute “guerre commerciale” avec l’Ukraine

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ésident russe Vladimir Poutine (d) sert la main de son homologue ukrainien, Viktor Yanukovych, le 4 mars 2013 en Russie (Photo : Alexey Druzhinin)

[16/08/2013 14:22:20] Moscou (AFP) Les autorités russes ont nié vendredi avoir engagé “une guerre commerciale” pour des motifs politiques contre l’Ukraine, qui accuse Moscou de perturber le passage des marchandises à la frontière entre les deux pays.

Le patronat ukrainien a révélé mercredi que les biens ukrainiens rencontraient des difficultés à entrer en Russie et le Premier ministre a lié ces perturbations au refus de Kiev d’intégrer l’Union douanière dirigée par Moscou.

“Nous menons un travail professionnel. Nous avons une longue liste de griefs en termes de protection des droits des consommateurs”, a déclaré le responsable de l’agence russe de protection des consommateurs, Guennadi Onichtchenko, à l’agence Interfax.

“Si certains appellent cela une guerre commerciale, qu’ils le fassent”, a-t-il ajouté.

Mercredi, la Fédération ukrainienne des employeurs, qui représente 8.500 entreprises constituant 70% du PIB de l’Ukraine, a indiqué que les douanes russes avaient placé toutes les entreprises ukrainiennes sur la liste des entreprises à risque, ce qui se traduit selon elle par une “suspension de facto des exportations pour une durée indéterminée”.

Le manque à gagner pour ce pays, qui traverse actuellement une grave crise économique, pourrait atteindre 2,5 milliards de dollars au deuxième semestre 2013 en raison de ces problèmes, selon cette fédération.

“Les marchandises peuvent passer la frontière, mais les procédures prennent deux jours au lieu de quelques heures”, a expliqué une source proche des douanes russes au quotidien russe Vedomosti.

Le sujet a été évoqué par le président russe Vladimir Poutine et son homologue ukrainien Viktor Ianoukovitch lors d’un entretien téléphonique, dont les détails n’ont pas été dévoilés.

Fin juillet, les autorités sanitaires russes avaient déjà décidé d’interdire l’importation des chocolats Roshen, un des principaux producteurs d’Ukraine dans ce secteur, en raison de problèmes dans leur composition.

Les exportations ukrainiennes vers la Russie ont représenté sur les six premiers mois de l’année 7,9 milliards de dollars, ce qui représente à peine 5% des produits importés par Moscou, selon les statistiques des douanes russes.

Mais la Russie représente un quart des marchandises vendues à l’étranger par l’Ukraine, une ex-république soviétique tiraillée depuis son indépendance entre Moscou et l’Union européenne.

Le Premier ministre ukrainien, Mykola Azarov, a établi jeudi un lien direct entre ces difficultés à la douane et la réticence de Kiev d’intégrer l’union douanière regroupant la Russie, le Bélarus et le Kazakhstan.

Présent vendredi à une réunion de cette union dans la ville russe de Souzdal, à l’est de Moscou, le vice-Premier ministre ukrainien Iouri Boïko a dit espérer un accord lundi pour sortir de la crise actuelle.

Le ministre ukrainien du Commerce, Igor Prassolov, a assuré que Kiev ne comptait pas répliquer en “limitant les importations de marchandises russes”. Il a indiqué que les autorités ukrainiennes se prononceraient lundi sur l’opportunité de saisir l’Organisation mondiale du commerce, que la Russie a intégrée à l’été 2012.

Les autorités sanitaires russes sont souvent accusées de prendre des décisions d’interdiction de marchandises étrangères pour des motivations diplomatiques, comme lorsqu’elles ont banni le vin géorgien en Russie entre 2006 et à la mi-2013, en pleines tensions entre Moscou et Tbilissi.

Jeudi, le gouvernement russe a assuré n’avoir aucun lien avec la décision des douanes de renforcer leurs contrôles.

“La Russie va probablement employer des menaces commerciales dans les mois à venir pour pousser l’Ukraine à rejoindre l’Union douanière et abandonner ses discussions avec l’UE”, a avancé Alex Brideau, expert de la firme d’analyse des relations internationales Eurasia Group.

“La stratégie de M. Ianoukovitch consiste à obtenir le plus de profits possibles pour l’Ukraine en maintenant des relations à la fois avec la Russie et l’UE. Cette approche a peu de chance de réussir car les deux côtés poussent l’Ukraine à choisir”, a-t-il ajouté, dans une note publiée mercredi.