La
Tunisie sombre dans la crise économique, politique, sécuritaire… Aux abois, le
tourisme est l’un des secteurs les plus touchés par l’ambiance moribonde et
préoccupante que traverse le pays.
Les répercussions de l’assassinat de Mohamed Brahmi, les bombes qui sautent, les
découvertes de réseaux de trafics d’armes, les déploiements de forces rivales
dans la rue fragilisent le pays.
Cela frappe bien entendu de plein fouet la saison touristique et plombe son
arrière-saison. Les professionnels déclarent déjà que les réservations sont à
l’arrêt. Pour le tourisme tunisien qui voulait prolonger sa saisonnalité et
rattraper ses billes après un été handicapé du mois saint qui n’a jamais été un
mois touristique juteux, août semble se gripper.
Les nouvelles venant d’Algérie sont aussi très préoccupantes.
La Tunisie y tient le haut du pavé et fait la une des medias d’Oran, d’Alger, de
Constantine sans arrêt. Les Algériens sont principalement des voyageurs
individuels qui arrivent par voie terrestre en Tunisie sans réelle consommation
hôtelière systématique.
Le gouvernement tunisien a déployé toutes ses forces pour rassurer et sécuriser
les points de passage mais les interrogations, en ces temps de terrorisme et de
chasse aux trafics d’armes et de religion, restent vives.
Le poids du tourisme algérien dans l’économie du pays n’est un secret pour
personne. Plus d’un million de touristes algériens se rendent en Tunisie
annuellement mais ce chiffre a enregistré des baisses conséquentes depuis le 14
janvier allant jusqu’à 40%.
Au vu de l’actualité, il semble donc assez peu probable que les Algériens
veuillent venir passer des vacances en Tunisie au risque que l’ambiance du pays
leur fasse rappeler les années noires de leur pays.
Comment un pays où 62% des gens ont peur du terrorisme (selon un récent sondage)
et le nombre des déprimés, en consultation en hôpital psychiatrique, a augmenté
de 25% par rapport à 2011 peut-elle faire la fête, respirer la joie de vivre et
attirer des touristes en mal de gaité, de détente, de plaisirs?
Pourtant, le quotidien d’une partie des Tunisiens reste le même.
Mêmes sorties aux festivals, mêmes soirées entre copains et cafés, mêmes
baignades… seuls les yeux sont un peu plus hagards. Seul le quotidien est plus
difficile.
Ahmed F. est Algérois. Il vient tous les ans avec sa famille et rencontre ses
cousines venus de France à Nabeul. Il n’hésite pas à répondre à l’appel de ses
amis tunisiens. «J’en ai vu d’autres. Via skype et Facebook, je sais que rien ou
presque ne change. J’ai même raté de peu le concert de Cheb Khaled. Rien ne
m’empêchera de faire ma cure de jouvence en Tunisie… c’est ma drogue à moi…».
Seul hic, sa sœur ne viendra pas cet été. Elle a perdu son mari durant ces
années difficiles dont elle ne veut se souvenir et qu’elle ne souhaite pas à la
Tunisie et à ses amis.
Des Algériens comme elles, il y en aura combien? Des Tunisiens résidents à
l’étranger (TRE) qui ne rentreront pas aussi cet été, il y en aura aussi
combien?
Au 20 juillet 2013, les rentrées de devises du tourisme et des travailleurs
tunisiens à l’étranger ont enregistré ensemble un recul de 10,3 MDT par rapport
à la même date de 2012, soit: 2.908,3 MDT contre 2.918,6 MDT (source BCT).
La chute des avoirs en devises reste à venir et c’est sûrement l’un des autres
plus grands dangers qui guette le pays.