La première vice-présidente de l’Assemblée nationale constituante (ANC),
Meherzia Laabidi, a imputé la multiplication des crises en Tunisie depuis la
révolution «aux conflits à propos de la légitimité chez l’élite politique». La
crise actuelle que traverse le pays, «la plus grave», a-t-elle estimé, n’est pas
récente et n’a pas été non plus déclenchée par les attentats politiques.
S’exprimant lors d’une conférence sur les propositions de la société civile pour
une sortie de crise, samedi à Tunis, Mme Laabidi a indiqué que l’intérêt de la
Tunisie commande d’accepter la légitimité de la continuité de l’Etat avec tous
ses inconvénients ainsi que la légitimité fonctionnelle qui a permis «le
recyclage de certaines personnalités au nom du consensus», a-t-elle dit.
Elle a critiqué le fait d’avoir accepté toutes ces «légitimités provisoires» et
de refuser, en contrepartie la légitimité des urnes. Pour elle, «cette élite se
doit d’admettre le nouveau paysage politique en Tunisie».
Pour sa part, l’élu du Congrès pour la République à l’ANC, Samir Ben Amor, s’est
dit inquiet de voir l’Union générale tunisienne du travail devenir une partie du
problème et non pas la solution. Il a, dans ce sens, reconnu l’existence
d’obstacles à la réussite du dialogue en vue de sortir le pays de la crise
actuelle, dont l’absence d’un accord entre les antagonistes politiques sur les
raisons de la crise, les solutions et la finalité du dialogue.
«Au CPR, nous sommes ouverts à tous les dialogues, pour peu qu’ils soient
sérieux et ne posent pas de conditions préalables», a-t-il ajouté.
De son côté, l’ancien bâtonnier, Me Abderrazak Kilani, a évoqué «l’initiative de
médiation» qu’il mène avec plusieurs personnalités indépendantes, estimant que
les différentes initiatives similaires n’avaient pas abouti à des résultats
concrets. «Certaines ont généré des tensions entre les adversaires politiques»,
a-t-il dit.
Il a indiqué avoir perçu chez les différentes parties une prédisposition à
revoir le plafond des revendications, relevant une quasi-unanimité quant à la
nécessité de maintenir la Constituante afin d’éviter au pays de sombrer dans le
chaos et de trouver des solutions médianes en ce qui concerne la composition du
gouvernement.
Quant au juge Mokhtar Yahiaoui, membre de l’initiative de Kilani, il a appelé à
resserrer les rangs et à oeuvrer dans le cadre d’une action commune pour
parachever l’expérience unique de la Tunisie.
Le président du Centre des études sur l’islam et la démocratie, Radhouane
Masmoudi, co-organisateur de cette rencontre, a souligné le rôle de la société
civile dans l’élaboration de compromis entre les acteurs politiques. Il a
réaffirmé la nécessité de faire des concessions pour préserver le processus de
transition en Tunisie.
Pour parachever ce processus, a-t-il relevé, il faudrait d’abord unifier les
rangs en vue de combattre le terrorisme et éradiquer le phénomène de la
violence, instaurer ensuite un dialogue et enfin respecter la légitimité et les
règles démocratiques.
WMC/TAP