Le russe Rusal taille dans sa production, 3.000 emplois menacés

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à Saïanogorsk, le 20 octobre 2009 (Photo : Alexander Nemenov)

[19/08/2013 15:37:55] Moscou (AFP) Le numéro un mondial de l’aluminium, Rusal, a annoncé lundi une réduction de sa production menaçant environ 3.000 emplois en Russie et appelé ses concurrents à suivre son exemple face à la chute des prix, à l’origine de lourdes pertes financières.

Au total, le groupe du milliardaire russe Oleg Deripaska compte réduire sa production de 357.000 tonnes en 2013, soit de 9% par rapport à l’an dernier, a-t-il indiqué dans un communiqué à la Bourse de Hong Kong, où il est coté.

“Le groupe va devoir se prononcer sur les emplois d’environ 3.000 personnes”, dont la plupart “devraient être mutées sur d’autres sites”, a précisé à l’AFP un porte-parole du groupe, dont les effectifs s’élèvent à 72.000 personnes.

“Notre secteur se situe toujours dans une crise dont il est responsable, avec une offre surabondante qui mène à des stocks excessifs”, a expliqué M. Deripaska.

“On ne peut pas laisser ce statu quo se poursuivre et le secteur dans son ensemble doit prendre agir pour optimiser les capacités”, a ajouté l’homme d’affaires.

Au printemps, le groupe avait déjà décidé de réduire sa production de 300.000 tonnes cette année, en réduisant ses cadences sur ses unités les moins rentables.

Mais sa situation s’est encore dégradée ces derniers mois, entraînant des mesures plus radicales.

Alors qu’il était parvenu à dégager un modeste bénéfice net de 19 millions de dollars au premier trimestre, il est plongé dans le rouge au deuxième avec une perte de 458 millions de dollars. Sur l’ensemble du premier semestre, sa perte nette s’élève à 439 millions.

Le groupe va donc “suspendre la production sur un certain nombre de ses fourneaux les moins rentables” en Russie européenne et réduire ses cadences en Sibérie.

Il a ainsi décidé la fermeture de son usine de Volkhov, près de Saint-Pétersbourg (nord-ouest), et la suspension “temporaire” de la production d’aluminium de quatre sites: Volgograd (sud), Nadvoitsy (nord) et deux autres dans l’Oural.

Les deux sites dans l’Oural “vont rester d’importants producteurs d’alumine”, l’oxyde d’aluminium ensuite fondu pour produire le métal, et “Rusal va continuer à développer” cette activité, a précisé le groupe à l’AFP.

Ces mesures s’ajoutent à la suspension depuis avril de la production de sa filiale Alscon au Nigeria.

Début août, Oleg Deripaska avait évoqué une durée d’au moins quatre ans pour les fermetures temporaires, le temps que les prix de l’aluminium remontent à 2.400 dollars la tonne.

Chiffre d’affaires en recul de 8,8%

Sur le premier semestre, les cours de ce métal ont représenté en moyenne à 1.919 dollars la tonne au premier semestre, soit 8% de moins qu’un an plus tôt.

Conséquence: le chiffre d’affaires de Rusal a reculé de 8,8% sur un an au premier semestre, à 5,203 milliards de dollars.

“Les prix de l’aluminium restent faibles et il n’y a pas vraiment de signes d’amélioration en vue”, ont relevé les analystes de VTB Capital.

Pourtant, souligne Rusal, la demande mondiale reste ferme: il prévoit une hausse de 6% de la consommation mondiale cette année, à 50 millions de tonnes, avec une croissance de 9,5% en Chine, de 6% en Inde et de 5% en Amérique du Nord.

“Même si la demande reste forte, la viabilité du secteur dépend de la capacité des industriels à adopter une approche coordonnée et disciplinée concernant une production inefficace et non-rentable”, a jugé Oleg Deripaska.

En Russie, le milliardaire a fustigé à plusieurs reprises le manque de préparation du pays à son entrée il y a un an à l’Organisation mondiale du Commerce, qui a affecté selon lui toute l’industrie russe, peu compétitive, pesant sur la consommation.

Début août, il a prévenu que faute de mesures du gouvernement, des fermetures de sites en Sibérie pourraient suivre faute de réaction des pouvoirs publics, leur demandant notamment de constituer des réserves stratégiques pour soutenir la demande.