Inde : nouveau record à la baisse franchi par la roupie

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à Bombay (Photo : Indranil Mukherjee)

[22/08/2013 08:34:37] Bombay (AFP) La roupie indienne a franchi jeudi un nouveau record à la baisse face au dollar, dans un marché inquiet de l’état de santé de l’économie indienne et du départ de capitaux vers les Etats-Unis.

La monnaie a faibli jeudi matin à 65,04 roupies pour un dollar américain, un nouveau plus bas historique. La roupie affiche la baisse la plus forte des grandes devises asiatiques depuis le début de l’année (près de 20%).

Depuis plusieurs semaines, le gouvernement et la banque centrale ont pris une série de mesures pour soutenir la devise, mais sans effet jusqu’à présent. Jeudi, la Banque de réserve de l’Inde (RBI) a annoncé qu’elle allait injecter 80 milliards de roupies (940 millions d’euros) dans le système bancaire en achetant des obligations d’Etat à long terme, afin d’assouplir l’offre de crédits.

La dernière mesure de la RBI semble à l’encontre des annonces de cet été, qui cherchaient à retirer des liquidités du marché pour freiner le déclin de la roupie. Mais aucune n’a eu les effets escomptés et elles ont en outre tendu les taux d’intérêt sur 10 ans à leur plus haut niveau depuis cinq ans.

La glissade de la roupie, comme celle d’autres monnaies émergentes, est due en partie par le départ de capitaux étrangers vers les Etats-Unis, où la croissance se renforce et où les taux devraient remonter à moyen terme, offrant ainsi une rémunération supérieure aux investisseurs.

La Réserve fédérale américaine (Fed) a en outre annoncé en mai la normalisation de sa politique monétaire ultra-généreuse, sans donner de calendrier précis. Alléchés par la perspective de meilleurs rendements sur le marché américain, les investisseurs ont commencé à retirer leurs billes des pays émergents.

Le compte rendu de la réunion de juillet de la Fed, publié mercredi, a laissé planer l’incertitude sur les volontés de la banque centrale quant au calendrier et à l’intensité de cette normalisation.

L’Inde pâtit également de maux intérieurs: une croissance en berne (5% pour l’année budgétaire 2012/13, soit le taux le plus faible depuis dix ans), un agenda de réformes économiques quasiment au point mort, le gouvernement optant pour le statu-quo avant les élections générales du printemps prochain, une corruption endémique et un déficit courant au plus haut.

Un déficit courant –mesure la plus large pour estimer les flux commerciaux d’un pays– fortement déficitaire signifie que le pays dépend de capitaux venus d’ailleurs pour fonctionner, par exemple pour se fournir en énergie. Et c’est cette dépendance qui commence à inquiéter les investisseurs.