La Turquie veut secourir sa devise dans la tourmente

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à Ankara (Photo : Adem Altan)

[22/08/2013 13:07:42] Ankara (AFP) La Turquie tentait jeudi de défendre sa monnaie nationale, la livre, qui est tombée à un niveau historique face au dollar, portant à 10% son recul depuis que la Réserve américaine (Fed)a annoncé en mai son intention de réduire ses injections de liquidités.

Le billet vert s’échangeait jeudi à la mi-journée à 1,9860 contre 1,9670 mercredi soir.

La Bourse d’Istanbul (BIST), qui avait déjà chuté de 3,46% mercredi, creusait jeudi après-midi ses pertes avec un recul de plus de 3%.

Pour répondre aux turbulences qui affectent les économies émergentes, la banque centrale turque a décidé d’augmenter mardi l’un de ses taux directeurs, celui du prêt au jour le jour, de 7,25% à 7,75%. Elle l’avait déjà relevé, en juillet, de 6,50% à 7,25%.

Après l?Inde et le Brésil, la Turquie voit ainsi à son tour la baisse de sa devise s?accélérer, malgré la hausse des taux directeurs décidée la veille par la Banque centrale. Celle-ci a prévu d?injecter au moins 100 millions de dollars chaque jour sur les marchés pour tenter de stabiliser la monnaie.

Ce montant pourrait être plus conséquent si nécessaire, a déclaré jeudi la Banque centrale, signalant des injections de plusieurs centaines de millions dollars sur le marché ces prochains jours.

Pour répondre aux turbulences, la banque centrale turque a décidé d’augmenter mardi le taux du prêt au jour le jour, de 7,25% à 7,75%. Elle l’avait déjà relevé, en juillet de 75 poins de base.

“Depuis la décision de la Fed (mi-mai) les économies émergentes comme la Turquie tentent de s’ajuster mais cela n’est pas facile et parfois difficile”, estime Deniz Cicek, économiste à la Finansbank.

Comme l?Inde ou le Brésil, la Turquie est depuis victime de sorties de capitaux massives, car les investisseurs s?inquiètent du déficit de sa balance courante, supérieur à 5% du PIB, ce qui la rend très dépendante des financements étrangers. Sa balance des paiements est déficitaire de 55 milliards de dollars (41 milliards d’euros) par an.

Les autorités monétaires turques ont vendu 6,6 milliards de dollars pour soutenir la monnaie locale depuis début juin. Mais ces interventions ont eu des effets très limités et la livre s’est dépréciée de 10% face au billet vert depuis mai.

des mesures insuffisantes

Les taux se sont également envolés: Sur le marché obligataire, le taux des emprunts à 10 ans de la Turquie est monté à 10%, contre 9,53% mercredi.

Les analystes jugent toutefois ces mesures insuffisantes et estiment que la banque centrale pourrait relever jusqu’à 9% d’ici la fin de l’année son taux du prêt au jour le jour afin de défendre la livre.

La Turquie a également été victime de la récession en Europe, son principal partenaire commercial, à laquelle elle vend une très bonne partie de sa production, notamment d’automobiles.

Le gouvernement turc a critiqué la Fed, lui reprochant de créer des incertitudes sur le marché global, rejetant tout scénario de crise pour les émergents.

“L’avenir ne réside pas en Europe ni aux Etats-Unis. L’avenir c’est les pays en développement, c’est-à-dire le Brésil, la Turquie, L’inde, la Chine et la Russie”, a affirmé jeudi le ministre des Finances, Mehmet Simsek, dans des déclarations télévisées.

Il a assuré que “la Turquie est prête à tout scénario” et qu’elle sera en meilleure position lorsque le marché global aura été affecté.

Le Premier ministre islamo-conservateur turc, Recep Tayyip Erdogan, au pouvoir depuis plus de 10 ans, avait fait de son pays un exemple de santé économique modèle parmi les marchés émergents mais cela pourrait changer.

La Turquie entrera en 2014 dans une période électorale avec des municipales en mars et une première présidentielle au suffrage universelle en août, des scrutins où la santé de l’économie devraient certainement constituer un enjeu important.

Après des pics impressionnants de 9,2% en 2010 et 8,5% en 2011, la croissance s’est nettement essoufflée avec une envolée des prix et de ce fait des chiffres d’inflation.

Ankara espérait 4% en 2013 mais cette prévision va sans doute être révisée comme celle pour l’inflation qui s’établissait à 8,8% en juillet, en glissement annuel.