Opération fruits et légumes au “juste prix”, place de la Bastille

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égumes (Photo : Philippe Huguen)

[22/08/2013 15:15:36] Paris (AFP) Est-ce la météo ou la grande distribution qui est responsable de la hausse des prix des fruits et légumes cet été ? Le succès d’une vente géante tenue par un syndicat agricole a relancé le débat.

Comme chaque année depuis 8 ans, le Modef, syndicat d’agriculteurs minoritaire proche du Parti communiste, a organisé jeudi sa vente de fruits et légumes au “prix juste” pour dénoncer les marges de la grande distribution.

Et c’était la foule des grands jours, avec plus de 100 mètres de queue mesurée au plus fort de la vente jeudi matin place de la Bastille, selon une journaliste de l’AFP.

Il faut dire, qu’après une étude de Familles Rurales ultra-médiatisée la semaine dernière sur la flambée des prix sur les étals, la proposition avait de quoi séduire: 3,50 euros les deux melons, 3 euros les deux kilos de poires, 3 euros les deux kilos de tomates…

Des prix nettement plus bas que ceux relevés par Familles Rurales dans son observatoire, où le prix moyen du melon cet été ressortait à 2,64 euros pièce, celui du kilo de poire à 3,22 euros ou celui de tomates à 2,16 euros.

Il est utile toutefois de préciser que les prix du Modef ne comprenaient pas le coût de transport depuis les exploitations du Lot-et-Garonne, pris en charge en partie par le PCF.

Reste que le Modef, pas de doute: c’est la grande distribution qui “essaie de nous faire croire que cette hausse est imputable à la météo pour se goinfrer dans ses marges”, explique son secrétaire général Raymond Girardi.

Une marge “très faible”

Faux !, répond la grande distribution qui assure dans un communiqué que sa marge nette, selon des chiffres de novembre dernier, est “très faible” (0,6%) sur le rayon fruits et légumes.

La Fédération des entreprises du commerce et de la distribution (FCD) rappelle aussi l’existence de charges incompressibles. Ainsi ses prix se découpent de la manière suivante: prix payés par les enseignes pour l’achat de fruits et légumes 72,6%, frais de personnel en rayon 8%, charges de loyer, transport… 18,9% et marge nette 0,6%.

Là encore les chiffres datent du dernier Observatoire des prix et des marges, à l’automne 2012.

Dans le reste du monde agricole, tous pointent pourtant la responsabilité de la grande distribution.

“Lors de périodes exceptionnelles comme celle que l’on traverse cette année, un peu fair-play de la part des grandes enseignes leur permettrait de baisser un peu leur marge plutôt que de les maintenir +à tout prix+”, écrit par exemple le président des Jeunes agriculteurs François Thabuis, dans une tribune sur le site du Huffingtonpost.

Le jeune exploitant ne minimise pas pour autant l’impact de la météo qui a fait baisser les volumes de récolte cette année et donc grimper les prix. Sans compter les retards sur “l’ensemble de la production européenne de fruits et légumes (…) de l’ordre de 10 à 15 jours”.

Ce retard a aussi une répercussion sur les prix, explique François Thabuis, qui donne l’exemple des pommes. A la mi-août l’an dernier, la pomme Gala du Sud-Ouest était déjà sur les étals avec une cotation de 1,10 euro. Cette année, les pommes françaises sont en retard et les cotations “se font uniquement sur des pommes Gala du Chili que l’on trouve à 4 euros le kilo”.

Des éléments qui font douter, selon l’agriculteur, de la méthodologie de l’enquête de Familles Rurales qui compare les prix à date fixe sans prendre en compte les écarts dans les cycles de production.

Les branches légumes et fruits de la FNSEA, le syndicat agricole majoritaire, ont également dénoncé une étude “partiale et partielle”.

Pour l’heure en tous cas, le ministre de l’Agriculture Stéphane Le Foll réfute l’idée d’une situation exceptionnelle. “Il y a certes eu une hausse des prix mais on ne peut pas parler de crise” même si “la hausse des prix est un problème pour les consommateurs”, a-t-il dit lors d’un déplacement dans la Vienne.