énéral de Microsoft Steve Ballmer le 29 octobre 2012 à San Francisco (Photo : Kimihiro Hoshino) |
[24/08/2013 05:44:20] Washington (AFP) L’avenir de Microsoft après le départ de son directeur général Steve Ballmer est pour l’instant très flou alors que le géant des logiciels fait face à un large spectre d’options stratégiques et doit retrouver sa capacité d’innovation.
“Le monde a bougé plus vite que le modèle de logiciels sous licence de Microsoft ne lui a permis de le faire”, remarque Ted Schadler, analyste du cabinet spécialisé Forrester Research.
Pour lui, Microsoft pourrait se retrouver face à un “moment comme General Electric ou IBM en ont connu” et “devoir se poser la question de rester tel qu’il est ou de se scinder en plusieurs entités”, ajoute-t-il.
Certains experts, comme Roger Kay chez Endpoint Technologies Associates, estiment ainsi que Microsoft “est trop gros et poursuit des objectifs contradictoires” et serait mieux géré s’il était scindé en plusieurs activités séparées.
“Une chose qui a manqué à Microsoft, c’est de se regarder avec honnêteté: ils disent qu’ils vont devenir les rois de la recherche sur internet, mais ils n’y sont pas parvenus”, ajoute M. Kay. Trouver un successeur capable de gérer un colosse comme Microsoft ne sera, à ses yeux, pas une mince affaire.
Quand Steve Ballmer a pris les rênes du groupe en 2000, Microsoft était le roi indisputé du secteur technologique et la première entreprise au monde en termes de capitalisation boursière, mais il a perdu du terrain ces dernières années dans un secteur à évolution ultra-rapide.
Le système d’exploitation Microsoft Windows reste le premier au monde pour les PC mais il n’est pas pertinent sur le segment à forte croissance des appareils mobiles, smartphones ou tablettes.
Logo de Microsoft (Photo : Lionel Bonaventure) |
Le groupe a eu du succès avec sa console de jeux et divertissements Xbox et s’est bien positionné dans l’informatique dématérialisée (cloud) et les services aux entreprises, mais ses efforts pour entrer sur le marché des tablettes avec son produit maison, la Surface, se sont traduits par un flop.
Ces derniers mois, le groupe s’est résolu à baisser les prix trop élevés de la Surface comparé au reste du marché, ce qui lui a coûté une lourde charge de 900 millions de dollars.
Un patron hors du sérail?
Steve Ballmer était un “grand commercial” mais Microsoft a maintenant besoin d’un patron “visionnaire qui peut ramener l’innovation et amener sur le marché des produits dans lesquels les gens vont mettre de l’argent. Tant qu’il ne l’aura pas trouvé, Microsoft est voué au déclin”, juge Jack Gold, analyste indépendant.
Steve Ballmer n’a pas de dauphin évident au sein de l’entreprise, mais les experts évoquent quelques candidats naturels pour le remplacer, notamment l’ex-directeur de la division Windows, Steven Sinofsky, un ex-dirigeant de Microsoft maintenant chez Google, Vic Gundotra, ou encore l’actuel vice-président exécutif du groupe basé à Redmond (nord-ouest des Etats-Unis) Qi Lu.
La plupart des observateurs jugent toutefois que l’entreprise a besoin de sang frais et devrait recruter son futur patron hors du sérail. “Cela veut dire qu’il est difficile de prédire qui pourrait être le prochain directeur général et dans quelle direction il va amener l’entreprise”, remarque Walter Pritchard, analyste de Citigroup.
Microsoft semble sur la même pente que d’autres géants technologiques qui ont perdu leur leader charismatique, à l’instar d’Apple, qui voit son avance dans les smartphones et les tablettes contestée depuis la mort de Steve Jobs.
Pour M. Kay, s’il est peu probable que le fondateur Bill Gates redevienne une figure centrale de la gestion au jour le jour du groupe, dont il a pris ses distances pour s’adonner à ses activités philanthropiques, il est probable qu’il soit présent, “organise les choses et soit un facteur stabilisateur” pendant la période de sélection d’un nouveau dirigeant.